Line-up sur cet Album
Svart – Basse / Omega – Guitares, Chant/ Damian – Batterie / Kharon – Guitares.
Style:
Post-black metalDate de sortie:
17 Novembre 2023Label:
Drowning in Chaos RecordsNote du SoilChroniqueur (Fast Freddy) : 9/10
C’est à Albi, appelée ville rouge et qui compte pour tous les adeptes du catharisme, qu’Obsidyen a vu le jour en 2019. Un an après sa formation, le combo albigeois sort un premier opus intitulé « Antediluvian Scriptum », basé sur un post black évoquant les écrits sacrés et les mythologies bibliques ; sans chauvinisme aucun, Obsidyen montre d’emblée qu’il dispose d’un gros potentiel au vu du succès rencontré par leur première galette. Vont-ils confirmer sur leur lancée avec « Litany of Iah » qui sort au cœur de l’automne ? Soil Chronicles vous donne la réponse ici !
« Litany of Iah » est le premier volet d’une trilogie mythologique créée autour du « culte du serpent » par Omega, le créateur d’Obsidyen. Il prend vie dans l’Egypte ancienne, Iah étant une divinité égyptienne liée à l’astre lunaire, appelée parfois « disque blanc » ou « seigneur du ciel » au gré des écrits. Les Egyptiens ayant constaté l’influence de la lune sur le comportement humain, et notamment en termes de fécondité, Iah est vu comme le dieu du renouveau, de la renaissance et du rajeunissement. On reste donc à proximité immédiate de la théorie de l’astronaute antique, qui lie la vie extraterrestre à une époque ancienne, lire les écrits d’Erich von Däniken à ce propos, sujet mystérieux, voire subversif pour certains, cher et déjà abordé par le groupe, mêlant les astres, la science-fiction et les croyances antiques, en y apportant un éclairage différent et dérangeant sur l’humanité.
Pour ce qui est du serpent, il est vu différemment en fonction des croyances, des légendes et des mythologies : signifiant parfois le mal, la fourberie, la ruse, symbolisant l’esprit de gardien dans les récits homériques, les nordiques le représentant en un monstre gardien du Midgard, l’affublant de la magie de la guérison chez les Romains, il est principalement associé à l’immortalité ainsi qu’aux dieux de l’ancien et du moyen empire chez les Egyptiens, un peu à l’instar des Celtes pour ce qui est de l’immortalité. Voilà pour le décor enrobant ce nouvel album et pour comprendre l’esprit qui a animé et guidé le groupe pour composer le premier chapitre de cette trilogie.
« Ceux qui viennent d’en-haut » ouvre le bal, dans des sonorités aussi mystérieuses qu’inquiétantes, plongeant l’auditeur dans un monde incertain, qui semble ténébreux mais qui pourrait tout aussi bien signifier que la lumière ne semble pas loin, et qu’un dénouement aussi inespéré qu’heureux est envisageable. Les voix envoûtantes, comme en suspension, qui résonnent ainsi que la répétition régulière d’un choc lourd et lointain, renforcent cette atmosphère prenante !
Sans surprise, le deuxième morceau, qui a donné son nom à l’album, évoque Iah, à travers un black torturé par des riffs répétés à l’envie et une voix éraillée lente et déterminée, comme pour mieux introduire la divinité évoquée, le tout sur une rythmique qui ne souffre d’aucune faiblesse, histoire d’appuyer voire d’ancrer le propos dans le marbre ou dans nos crânes, au choix !
Démarrant sur un arpège aux sonorités orientales, « An Ancient Age » se joue sur un tempo moyen, propice pour invoquer le dieu serpent ainsi que le caractère maléfique des reptiles à langue fourchue, émissaires des ténèbres et responsables de l’envoi du savoir par-delà les étoiles, figeant par là-même l’âge ancien ! C’est une atmosphère particulière qui règne tout au long du morceau, à la fois pesante, étrange, mais semblant en harmonie avec les éléments !
« The Passenger of Nout » est un morceau alliant brutalité musicale et harmonie mélodieuse, comme pour imager l’écart et le contraste entre la terre des mortels et le ciel habité par les divinités dont Nout, mère de tous les astres, en est la déesse. Les édifices érigés ici-bas en leur honneur sont vus comme des passerelles les rapprochant des dieux, leur donnant l’espoir d’un accès au voyage divin !
« The Eternal Confinement » évoque le douât, passage de la lumière dans les ténèbres de la nuit ; les Egyptiens redoutaient la nuit et voyaient dans les chats, les gardiens de Râ dans l’obscurité profonde et ceux permettant son retour au bout de la nuit. Bastet étant leur incarnation divine, elle lutte contre le dieu serpent, représentant Apophis, dieu de la nuit et des forces mauvaises s’opposant au retour de la lumière ! Le douât est également le séjour de l’âme des morts dans l’au-delà, récompense divine avant la réincarnation ! Vu par Obsidyen, cela se traduit par une approche musicale d’abord calme voire hypnotique à travers une incantation vocale se lamentant, avant que le combat pour ou contre la lumière en fonction de l’angle d’approche, ne prenne les traits d’un déluge puissant, basé sur des hurlements et des riffs dévastateurs, et lourd, par une mélodie froide en mid-tempo plaquée dessus diffusant une ambiance irrémédiablement dantesque ! Le break aux deux tiers du morceau renforce cette impression, calme en premier lieu puis massif à souhait pour un final somptueux refermant le tombeau scellant le début d’un confinement éternel !
Le chaos voulu par Apophis est évoqué dans un morceau éponyme d’une dizaine de minutes ! C’est le temps qu’il faut pour dépeindre tout le malheur dont il est capable ! La transcription musicale d’Obsidyen ne laisse aucun doute sur la brutalité et sur tous les stratagèmes qu’il mettra en œuvre pour parvenir à ses fins à travers une première partie de morceau qui s’exprime dans un black intense te poussant dans tes retranchements et tourmentant ton âme pour la contraindre à suivre le chemin du mal, avant qu’une nouvelle fois un break plus calme ne retentisse, sans pour autant te sauver la mise tant il confère une atmosphère malsaine, la voix incitative d’Omega et le martèlement sonore y contribuant grandement, te laissant sans défense face aux turpitudes reptiliennes qui t’empêchent d’accéder à la lumière ! Encore un moment de toute beauté !
Le voyage mythologico-cosmique aurait pu s’arrêter là qu’on en aurait déjà largement eu pour notre argent ! C’est sans compter sur Obsidyen qui enfonce le clou avec « Under the Sphinx », titre bonus qui vient clore ce deuxième album. C’est une nouvelle fois un morceau superbe et intense, capable de décupler les énergies d’où qu’elles viennent, de par sa puissance musicale ou les évocations qu’il contient !
De mon point de vue, cet album s’apprécie à sa juste valeur en prenant le soin de décrypter les paroles pour mieux en comprendre le sens musical que le groupe a voulu imprimer. L’artwork de la pochette est parfaitement en phase avec le concept de l’album et a été réalisé de main de maître par Macchabée Artworks sur lesquels je ne saurais trop vous conseiller d’aller jeter un œil, pour vous faire une idée sur la qualité de leurs productions ! Puisque l’on parle de production, celle-ci est soignée, sachant d’un côté préserver le côté brut des parties agressives, tout en magnifiant les passages plus atmosphériques ainsi que les arrangements.
Si tant est qu’il en existe encore, certains qui auraient des doutes sur la qualité de la scène hexagonale en matière de black metal, je ne saurais que trop vous recommander l’écoute de « Litany of Iah », une pépite en la matière, qui prouve qu’Obsidyen est un groupe sur lequel il faut dès à présent compter !
A écouter de toute urgence !
Tracklist :
1. Ceux qui viennent d’en-haut 2:25
2. Litany of Iah 7:08
3. An Ancient Age 7:52
4. The passenger of Nout 9:11
5. The Eternal Confinement 9:14
6. Apophis 10:52
7. Under the Sphinx (Bonus) 6:13
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