Note de la Soilchroniqueuse (Migou) : 9,5/10

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, reprenez avec moi tous en chœur ce verset du livre de la Confusion, en clin d’œil aux dames de la Météo, Les Weather Girls,
« Il raining… angels ! ». Sachez bien, mes chers frères et sœurs, que le premier nuage de la Confusion nous brosse un tableau d’une apocalypse au sein même de ces terres d’abondance désormais désertées, stériles, mortifères.
L’Eden est bien loin.
L’oedème nous prend aux tripes.
On en a le cœur qui palpite.
La phlébite… nous guette.
Il faut vraiment qu’on arrête !

Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, nos prophètes Hollandais réunis sous l’égide de la confrérie Phlebotomized n’ont eu de cesse, depuis 1989, date de sa création, de nous mettre en garde. L’histoire, l’H-istoire, n’est pas toujours celle qui est racontée. Tout a toujours un côté sombre. Le revers de la médaille. La face cachée de la lune. Les titres des chapitres du livre de la Confusion, dont le nom complet est Clouds of Confusion, sont parlants. Criants de vérité ? Ça, ce serait assez contradictoire… Mais en tout état de cause, on ne peut nier qu’ils sont là pour nous happer. Un hold up émotionnel.

Mes bien chères sœurs, mes bien chers frères, penchez-vous sur les paroles et réfléchissez. Dans le livre de la Confusion, le second nuage vous mènera vers des thèmes qui pourraient très bien tenir dans la bouche d’un certain M. (dit la main jaune comme le soleil qui orne son front) : « En même temps… » Dès la première démo, « Devoted to God » en 1992, reprise ensuite dans une compil de 2013, on se sent balancés entre le «y a plus d’espoir » et le « en même temps, il reste de l’espoir. », « Laissez-moi être seul…en même temps, ne me laissez pas seul… »

On retrouve cette dualité dans la musique proposée au sein de Clouds of Confusion (et les précédents albums). Certains parleront de manichéisme, mais la mélopée proposée par Phlebotomized va bien au-delà. Ce sont des nuances de noirs profonds, des nuances de blancs, des nuages tour à tour menaçants et moutonnants, protecteurs.
On est très souvent balancés dans une direction quand tout à coup, on nous cueille sur un chemin parallèle (« Alternate Universe »). Un bel exemple dans ce cinquième morceau, « Destined To Be Killed », qui part sur un tapis de double et nous alourdit le tout en milieu de morceau. Pour autant, le solo de guitare vient alléger l’atmosphère, alors que le riff suivant apaise et permet à la guitare solo de ré-embrayer l’accélération qui clôturera le morceau. C’est incisif, un couteau effilé. Le titre suivant, « Pillar of Fire », nous montrera toute la maîtrise de Phlebotomized dans la mise en place chirurgicale. Une rythmique martelée, servie par un Ben de Graaf qui nous « graatifie » de plusieurs voix/tessitures l’une à la suite de l’autre. On a des accélérations, du changement de tempo (par forcément dans le Bpm) et des virages à 90°, comme nous le montre ce passage Disco-Goth à 1’20 ou encore celui-ci, très aérien, en voix claire à 1’55 ou 4′ (Toujours dans «Pillar of Fire »).

Pour autant, mes biens chères sœurs et mes frères de musique, ne nous laissons pas abuser. Si on sent l’opus Clouds of Confusion clairement taillé pour le live, où les nuques vont se casser (surtout sur le morceau de bravoure qu’est le titre 8, « Death Will Hunt You Down »), Phlebotomized n’est pas resté sur ses acquis. Pour rappel, les Hollandais étaient dans les premiers à utiliser les claviers et le violon dans ce Doom Death, faisant ainsi de leurs œuvres du Death Metal Progressif. Les claviers sont toujours très présents, jouant parfois des sons de piano, parfois sur de simples montées harmoniques, ou des petites envolées qu’un compositeur « classique » contemporain ne renierait pas. L’emprise du clavier est prégnante. Elle fait corps avec ce qu’est intrinsèquement Phlebotomized. Mais ce serait être réducteur de ne pas parler du travail de ses trois guitaristes. Des riffs, des mélodies qui vous rentrent bien en tête, de celles qu’on pourra siffler, des soli impressionnants de virtuosité. Des touches jazzy viennent ici et là émailler les titres, un peu de post, comme dans l’introduction de « A Unity Your Messiah Pre Claimed ». Le jeu de la basse est volubile. Ses apparitions font mal (« Dawn Of Simplicity », à 4’40 par exemple). Celui de la batterie ? Comme celle de la basse ! Là encore nous avons de la virtuosité dans les changements rythmiques, dans la précision apportée à chaque instant, aux espaces laissés au silence… Quant au charisme de Ben, il n’est plus à démontrer. Ces voix maîtrisées !

Pour ses 30 ans de carrière, Phlebotomized nous sert un album, Clouds of Confusion, qui fait la part belle à la minutie, à la profusion de paroles et d’ambiances. Si le clavier est toujours autant à l’oeuvre, le violon n’est plus présent. On garde des ambiances Doom, parfois Metal Goth-Rock sur de petits instants, mais il revient essentiellement au Death Old School. Un Death Old School ventilatoire et progressif de par la multiplicité d’ambiances (écoutez donc « Dawn Of Simplicity »). Malgré la différence avec Skycontact ou Immense Intense Suspense, cet opus est une réussite.

Mes bien chères sœurs, mes bien chers frères, reprenez avec moi tous en chœur : « It’s raining Angels… Glory to the Clouds of Confusion ! »

Mais vous l’aurez bien vite compris, Mémé ne va pas donner dans le prêche. Cela irait à l’encontre même de la philosophie de Phlebotomized. Alors, si mes propos vous semblent confus je ne saurais vous exhorter qu’à prendre vos petites oreilles, d’écouter Clouds of Confusion et de faire votre propre évangile selon Phlebotomized.

Tracklist :

1. Bury my Heart (02:18)
2. Alternate Universe (04:42)
3. Lachrimae (00:53)
4. Desolate Wasteland (00:58)
5. Destined to be Killed (04:09)
6. Pillar of Fire (05:59)
7. Bury my Heart Reprise (04:19)
8. Death will Hunt you Down (04:55)
9. A Unity your Messiah Pre Claimed (07:02)
10. Dawn of Simplicity (05:46)
11. Context is for Kings (Stupidity and Mankind) (06:04)

Site officiel
Bandcamp
Facebook
Instagram
Site officiel 2
Spotify
YouTube
SoundCloud
Deezer