Poumon – Apocalypse Needs You
Line-up sur cet Album
- Daniel Arnoux : clavier, guitares, chant
- Pierre Arnoux : basse, chant
- Hugo de Villoutreys : guitares
- Lorrain de Villoutreys : batterie
Style:
BarrécoreDate de sortie:
3 février 2014Label:
Do it YourselfNote du Soilchroniqueur (Lusaimoi) : Oulala!/10
Je sais pas pour vous, mais moi, le 21 décembre 2012 m’a déçu. Je m’attendais à un impact avec un météorite, une invasion d’extra-terrestres, de zombies, le soulèvement des machines, des singes, des chevaux, un hiver nucléaire, une tempête géante, un cataclysme ou tout ça à la fois. Mais non, rien. On doit être environ 7 milliards à avoir survécu à la fin du monde. Autant dire qu’on ne voit pas vraiment la différence avant/après…
Alors quand on me dit que l’Apocalypse a besoin de moi, je fonce ! Et c’est justement le message que me porte le groupe Poumon.
Surtout que je l’attendais, ce premier album. Parce que le groupe est formé par deux membres de High for a Dive et surtout d’Aabsinthe – groupe qui fait partie de ceux que j’ai le plus écouté et qui a sorti son dernier album il y a sept ans –, Pierre Arnoux et Hugo de Villoutreys, auxquels se sont joints leurs frères, Daniel, chanteur/guitariste de dK, et Lorrain, batteur du groupe Jokari.
La formation naît ainsi en 2011 et les quatre compères décident de la nommer Poumon, nom qui fait référence à l’envie qu’ils avaient d’appeler leur groupe Poumon.
Et quand porte un peu plus attention au pedigree du groupe, entre le Death Prog atmosphérique sombre et exigeant pour Aabsinthe, l’Électro expérimentale de dK et la Noise bien barrée de Jokari, on se dit qu’on devrait avoir affaire à un mélange bien foutraque et savoureux. Chose que l’artwork, savant montage CGI chaotique de tout ce qui se rapporte de près ou de loin à l’Apocalypse, ne fait que confirmer.
Et quand on se met l’album, là…
C’est bien simple, la première écoute vous laissera aussi dérouté qu’enthousiaste, aussi pantois que comblé. Alors il faudra bien confirmer ce que vous venez d’entendre. Et on se remet la galette.
Ça commence comme une alarme inquiétante : celle qui nous annonce la fin du monde. Un sentiment d’urgence rehaussé par une basse aussi tendue qu’un string et une rythmique qui s’accélère, encore et encore, jusqu’aux premières paroles. Celles du prêtre (« Preacher »), qui énonce son discours, nous prévenant de ce qui va nous arriver sur un fond de Noise électrique.
Ce qui va nous arriver, c’est une série de neuf titres, tous aussi barrés, nerveux et rageurs les uns que les autres, chacun étant en même temps totalement différent de ses comparses.
Et c’est ce qui déroute à la première écoute. On pense être dans un album foutraque, composé et craché dans l’urgence, qui passe d’un truc sautillant (« I Set Fire to your House »), à un titre plombant (« Zombie Tick Attack !!! ») à un beaucoup plus clean en apparence (« Run Little Bastard », « Do it, Abraham, Do it »). Même au sein des morceaux, la folie structurelle est de mise. « A Candlelit Dinner », par exemple, commence par une intro assez pépère, explose par la suite tout en gardant le même rythme, avec de jolies surprises au niveau du riff. Puis celui-ci devient beaucoup plus tordu, revient au premiers amours pour ensuite repartir dans un truc très fou, urgent et rapide, avant de nous envoyer un truc génial dans les dents, qui nous amène à la déflagration finale de plus en plus forte.
C’est dingue, barré, bordélique, ça semble partir dans tous les sens, et pourtant, on sent dès le début qu’on tient là un truc énorme. Chose qui se voit confirmé par les écoutes qui suivent. Pourquoi ? Parce que le groupe sait composer, tout simplement.
Quelque soit le cheminement, même si ça peut sembler difficile à suivre (« Zombie Tick Attack !!! », entre autres), c’est toujours très cohérent. Dès « Preacher » et son refrain ô combien jouissif souligné de sortes de bourdonnements d’insectes (faut-il rappeler le titre de cet album ?), plein de trucs nous arrivent de partout, comme si la musique nous entourait et nous envoyait des sonorités issues de nulle part. Surtout qu’on en découvre à chaque écoute ; rien qu’entre le Bandcamp, la chaîne et les écouteurs, le ressenti change du tout au tout, et j’en déniche encore. À ce titre, il faut souligner le job de prod de Tom d’Hérin, sans qui tout n’aurait pu être qu’un brouhaha indescriptible. Non, là, tout est audible, nickel, mais aussi assez rugueux pour correspondre au style de Poumon.
Bref, malgré le bordel qui nous bourdonne dans les oreilles, toujours, un élément arrive pour nous remettre dans le droit chemin. Les gaillards nous pondent des passages au groove absolument phénoménal. On peut reparler du refrain de « Preacher », de la fin de « A Candlelit Dinner », et en rajouter tant d’autres.
La seconde moitié de « Worms », aussi, après un passage très Southern Folk qui semble contempler la fin de tout ce cataclysme, part dans une envolée qui me fait penser à la conclusion d’« A Long Walk to Touch the Sun », monument de 20 minutes signé Aabsinthe, qui peut faire verser quelques larmes même à Dolph Lundgren.
C’est d’ailleurs dommage que ce « Worms » ne clôture pas Apocalypse Needs You. Non pas que « Fukushima mon Amour » soit mauvais, loin de là, il constitue même une pièce de choix, à la fois entraînant, écrasant, dansant et tordu. Mais je trouve que le passage décrit dans le paragraphe précédent se montrait parfait pour une fin d’album (et du monde), avec ces chœurs fantomatiques renvoyant à la disparition totale de l’humanité. Surtout que l’agencement des neuf titres créent une sorte d’histoire, ou du moins une évolution dans le cataclysme.
Néanmoins, il s’agit là du seul « défaut » – les guillemets son importants – de cet album.
Apocalypse Needs You est un bordel sonore savamment maîtrisé. Neuf titres fougueux, variés, barrés et ultra personnels, car chaque plan transpire le style Poumon, même quand le quatuor s’aventure dans des paysages plus atmosphériques, dans la dernière partie, voire Postcore pour certains titres. Un CD qui nous fait prendre notre pied tout en nous imposant un sourire aux lèvres et un regard d’admiration. Une sorte de drogue (champignon ?) violente, hypnotique et hallucinatoire à se procurer très vite, l’édition physique (livrée avec la meilleure bio du monde) étant limitée à 100 exemplaires. Et si avec tout ça, vous avez besoin d’une dernière preuve, un groupe qui nous fout Alex Kidd dans son artwork ne peut décemment pas être mauvais.
Bandcamp : poumon.bandcamp.com
Facebook : www.facebook.com/Poumon.theband
1 Commentaire sur “Poumon – Apocalypse Needs You”
Posté: 26th Mai 2014 vers 20 h 55 min
Merci Monsieur! Je reconnais bien là votre enthousiasme d’ antan/ cela fait toujours bien plaisir..!
Bises
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