Quantum Aberration – Call of the Void

Le 9 novembre 2023 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Pierre Le Pessot : basse, composition
  • Romain Vallée : guitares, composition
  • Jack Hawecker : soli de guitare, composition
  • Mike Saidi : chant, paroles

Style:

Brutal Death Metal Technique

Date de sortie:

04 mai 2022

Label:

Autoproduction

Note du SoilChroniqueur (Quantum) : 8.5/10

On devient parfois bizarre, en vieillissant, et l’on se raccroche aux lubies les plus aberrantes.” Patrick Süskind

Vous vous souvenez du challenge que l’on s’était fixé entre nous sur la team Soil ? Je vous avais expliqué que l’on devait faire, sans obligation aucune, la chronique d’un style qui n’était pas celui dont nous étions les plus familiers. Alors, au départ j’étais parti pour faire du speed metal. Que je vois par ailleurs associé souvent au black metal, ce qui me rendait très curieux. Mais je n’avais pas pris le temps de regarder la liste mensuelle gargantuesque pour les chroniques, et je m’étais attelé à faire la chronique d’un groupe francophone de heavy metal nommé Impending Triumph. C’était une belle mise en bouche puisque le genre heavy metal n’était pas non plus vraiment ma tasse de thé, trop habitué aux genres extrêmes qui en découlent pour m’extasier sur un album certes très épique, mais plus… Lent, que ce que j’ai l’habitude d’écouter. Peut-être que le genre speed metal m’aurait raccroché davantage, mais comme je disais, je ne m’étais pas penché dessus plus que cela. Et puis, récemment, j’ai découvert qu’il y avait deux autres styles pour lesquels je n’éprouvais pas d’attirance particulière, et ce malgré l’avènement du groupe Benighted en France : le grindcore et le brutal death metal. Ces deux sous-genres ne sont pas légion dans ma discothèque personnelle, pour ne pas dire tout simplement inexistants. D’abord, concernant le grindcore, ayant déjà écrit au moins une chronique sur ce style, je n’aime pas plus que cela. Ce n’est pas la musique en soi qui me pose un problème mais plutôt l’univers autour. Trop décalé à mon goût, je suis par exemple totalement contre l’utilisation, ou devrais-je dire le détournement fait sur les pochettes d’albums où l’on voit de vraies photographies de cadavres, parfois dans des conditions de putréfaction qui me dégoutent. J’ai beau être infirmier, avoir le cœur bien accroché, je trouve cela horrible et je déteste l’idée que l’on s’approprie l’identité d’un corps pour en faire une idiote pochette d’albums. Pour les autres, cela reste bon enfant mais je n’aime pas pour autant. S’agissant, en revanche, du brutal death metal, disons que si mon expérience d’auditeur est proche du néant, celle du spectateur a déjà bien roulé sa bosse. J’ai effectivement déjà assisté à des concerts estampillés brutal death metal, et comme dans le nom il y a « death metal » et que j’adore ce style, je me disais que cette chronique, totalement opportuniste de mon côté, était l’occasion de boucler la boucle. Aussi vais-je parler ce soir du groupe Quantum Aberration et de son EP appelé « Call of the Void« .

C’est donc par Quantum Aberration que je démarre mon initiation ! D’ailleurs, petit détail rigolo : j’ai le même pseudonyme que le groupe. J’espère que cela va leur porter chance. Je plaisante ! Il convient de faire une petite présentation de ce projet metal français, issu de Paris. Le groupe portait autrefois le nom de Nevropsy, nom qui ne me laisse pas indifférent étant donné que je bosse en psychiatrie ! Alors, pourquoi avoir adopté ce changement de nom ? Mystère. En tout cas, ce « Call of the Void » est à ce jour le premier et unique EP du groupe, qui date de l’année dernière. Pour le reste, je dis peut-être une bêtise mais si je me fie à la création de la page Facebook du groupe, Quantum Aberration serait probablement né l’année de la sortie de l’EP, soit 2022. On pourrait donc souhaiter un beau début de carrière musicale au groupe francilien, et en tout cas une meilleure reconnaissance pour le travail accompli. Mais passons désormais à la chronique de ce tout beau tout chaud « Call of the Void » !

Ce que j’aime avec ce genre de projet, c’est que l’on ne sait jamais véritablement à quoi s’attendre en matière d’iconographie, mais l’on sait que souvent, il y a un ou des hommages derrière. Hommages aux films de science-fiction, parfois sur un mode parodique comme dans les séries Z. Je n’y connais pas grand-chose mais je sais du peu que j’ai scruté de ces artworks, on retrouve beaucoup de références de genre films gore ou de science-fiction. Quantum Aberration n’échappe pas à cette règle, avec une pochette vraiment sublime. Ce qui dénote un peu avec le genre musical il est vrai, mais je crois que l’on peut trouver une pochette de cet acabit sublime ! On y voit une sorte de créature spatiale extra-terrestre, ou peut-être est-ce un vaisseau, je ne sais pas. En tout cas, cette chose est suffisamment immense et imposante pour attaquer la planète Saturne, ou tout du moins une planète qui y ressemble, avec des tentacules toutes aussi immenses. Le tout évidemment sur un fond de décor spatial avec les étoiles plein de couleurs et en avant-plan, probablement une autre planète dont on ignore l’identité exacte. Ce qui me fait douter de la véracité de Saturne est que cette fameuse planète en avant-plan n’est pas gazeuse, comme Jupiter avant et Uranus après. Mais bon, ce n’est pas le plus important ! Outre que la pochette est superbe, avec plein de couleurs spatiales que j’aime moi qui adore l’astronomie, je suis en revanche plus circonspect concernant le lien de corrélation avec le nom de l’EP trop généraliste. Alors, oui ! L’univers constitue tout ce qui existe, et il n’est pas inenvisageable que le vide existe dans l’univers, mais delà à en faire un appel… Sachant que l’artwork ne fait pas notion du vide, et même tout le contraire. Par contre, j’ai trouvé le lien avec le nom du groupe. Quantum Aberration serait probablement un détournement de la fluctuation quantique, qui aurait été à l’origine de l’univers lui-même. Bon, je polémique un peu, c’est mon rôle de chipoter quand il faut. On retiendra que la pochette est très bien choisie et bien exécutée, pour un premier EP, la qualité est pleinement au rendez-vous. Ne manquerait selon moi qu’un peu plus de logique entre l’image et le « Call of the Void« . Mais ce n’est que mon avis et comme je le rappelle : n’étant pas friand de ce genre musical, peut-être qu’un sens m’échappe.

Toutefois, il convient de dire que ce premier EP m’a fait l’effet d’une petite bombe en première écoute. Dans un pur style brutal death metal, je ne m’étais pas rappelé au moment précis où je lançais l’écoute, que je me rajouterais une difficulté supplémentaire, et pourtant ! J’étais prévenu. Quantum Aberration propose un brutal death metal avec une prépondérance égale pour le death metal technique. Ce qui donne un des croisements que je considère comme l’un des plus improbables qui soient, et pas uniquement dans le cas de cet album « Call of the Void« . Imaginez la brutalité d’un Napalm Death conjuguée à la technicité extrême d’un Obscura. Le mélange me paraissait impossible sur le papier, parce que l’on associe à tort, très souvent, la brutalité à l’absence de fioriture quelque qu’elle soit, et je dois reconnaître que je suis quand-même plus habitué au style death technique avec des groupes comme Abysmal Dawn, Obscura, Spawn of Possession, Necrophagist. Mais ici, comme je me frotte pour la première fois à ce mélange improbable, je suis agréablement surpris ! L’idée m’a plu, et loin d’en faire une généralité, je loue particulièrement ce « Call of the Void » qui me semble en plus de cela très bien produit, avec une harmonie bluffante sur les compositions. C’est rigolo de parler d’harmonie dans un style brutal death ! Non sérieusement, ce que j’apprécie beaucoup dans cet EP résulte effectivement dans la très bonne retranscription de ce death metal un cran au-dessus dans la brutalité et la lourdeur, avec une accélération du tempo manifeste et le son de l’ensemble instrumental extrêmement lourd. Mais là où le groupe m’a beaucoup plu, davantage encore, c’est dans l’alternance des riffs accélérés avec des riffs beaucoup plus lents et encore plus lourds, pour happer l’auditeur dans un marasme sonore terrible, et pour désosser les cervicales. On reconnaît bien ce que je ressentais en concert devant des groupes de brutal death metal, qui sont peut-être les meilleures formations du genre extrême pour te transformer en monstre de violence dans une fosse. Et la partie technique apporte un supplément d’âme si j’ose dire, et permet de ne pas tomber dans le piège du trop-violent. Que dire de la technicité des musiciens dans cette affaire sinon que l’on ressent tout le talent des uns et des autres. En tout cas, en première écoute, je dirais que cet EP de Quantum Aberration m’a beaucoup plu, m’a permis surtout de retrouver les sensations uniques que j’avais eues lors des concerts d’autres formations, et même si le trio francilien ne propose pas un EP qui révolutionne le genre, il a au moins le grand mérite de nous offrir un EP de qualité certaines et excellant dans un registre brutal death metal technique comme beaucoup avant eux. Un EP qui leur permet ainsi de s’inscrire dans un style déjà bien porté, ce qui est très bien si ces ambitions sont les leurs !

Je plaisantais quand je parlais d’harmonie dans ce style de musique extrême, parce qu’évidemment, comme dans n’importe quelle musique, il y a forcément le principe de l’harmonie. Mais bon, cela revient à s’imaginer quand vous faites écouter une musique metal extrême à des curieux et qu’ils vous regardent avec des yeux ébahis en mode « mais ce n’est pas de la musique, ça ! C’est du bruit ! » Il est vrai que si vous recherchez un style de metal « mélodique« , vous allez déchanter très vite avec Quantum Aberration. L’idée étant de proposer un son lourd et oppressant, tout en alliant un aspect technique qui apporte une touche de chaos en plus. Le death metal technique est utilisé quand il est seul à des fins harmonieux, mais quand il est associé au brutal death metal, on devine que l’objectif, avec l’accélération du tempo général, n’est pas de vous éblouir les oreilles mais de vous plonger encore davantage dans des miasmes sonores terrifiants. En fait, pour vous la faire simple, la partie technique dans la production va vous étouffer encore plus ! Cela donne un savant mélange, que je découvre sérieusement ici avec « Call of the Void« . En tout cas, je pense que sans parvenir à rentrer dans des considérations « scientifiques », ni d’étaler un savoir en la matière que je n’ai pas plus que cela, on sent que la production est très bonne. Le son est lourd, les instruments ont chacun leur place attribuée avec un sérieux manifeste, et le tout propose un son qui fait son boulot d’oppression sonore et de lourdeur extrême. On en prend plein les tympans et c’est bien là signe d’un contrat rempli pour Quantum Aberration ! Excellente autoproduction en plus, c’est à souligner !

Moi qui adore m’attarder sur les concepts, je crois que ce sera la partie qui va me donner le plus de difficultés dans mon analyse. Parce que n’étant pas initié, je ne sais pas si je vais cerner efficacement un quelconque concept-album dans cette musique de Quantum Aberration. Peut-être d’ailleurs n’y en-a-t-il pas du tout, ou juste des principes de bases que l’on retrouve dans les albums de ce genre, que je citais plus haut. Au vu des noms des morceaux, cela me conforte finalement dans l’idée que l’EP n’est pas conceptuel, mais plutôt un recueil de morceaux de différents sujets. Donc j’ai décidé d’aborder les autres écoutes avec tout simplement le loisir de me défourailler les neurones, et je crois que c’est ce qu’il convient de faire avec cet EP oui, mais aussi les autres du registre brutal death metal technique ou non. Vous voyez ! Je suis honnête, je découvre. En tout cas, sans s’attarder davantage sur l’idée d’un concept, l’EP m’a beaucoup plu. Les réécoutes sont très fluides, j’ai pris beaucoup de plaisir sans m’extasier non plus sur les autres écoutes et je crois pouvoir dire que les amateurs de ce genre y trouveront leur compte ! C’est étonnant que ce projet n’est pas eu un semblant de presse comme on dit… J’espère par ailleurs qu’avec cette chronique l’honneur sera sauf et que le groupe Quantum Aberration trouvera une nouvelle motivation pour continuer, parce que c’est amplement mérité.

Non ! La chronique n’est pas encore finie ! Place au chant, paragraphe incontournable dans mes chroniques, moi qui suis chanteur dans différents projets, cela me tient à cœur. Comme attendu, le chant se situe sur une technique vocale en grunt grave, avec différentes alternances de pig squeal, de high scream et d’un jeu de variations de tessitures que j’aime beaucoup. Ce n’est pas forcément mon registre de chant de prédilection mais je m’amuse quelque fois en répétition à reproduire ces sons spécifiques assez drôles. De ce que j’ai entendu, le chant est de très bonne technique, le travail fait en studio permet de lui donner une très bonne place dans le mixage et même si je déplore l’absence d’articulation, chose qui me tient à cœur dans le chant, il n’en demeure pas moins que ce dernier est redoutablement efficace, et les différents changements de tessitures me fait très plaisir ! Un chant qui fait le boulot et qui est très bon, c’est tout ce qu’on demande au final !

Pour conclure cette nouvelle chronique, Quantum Aberration a sorti en 2022 un premier EP nommé « Call of the Void« . Premier EP passé quelque peu sous les radars, sorti en autoproduction, et qui méritait selon moi une vitrine plus imposante. C’était donc modestement que je proposais cette chronique, dans un registre que je ne maitrise pas franchement. Un brutal death metal technique qui m’aura permis de découvrir un registre trop peu méconnu de ma « culture musicale », mais qui m’a offert un très bon moment d’écoute ! Je marchais sur des œufs, mais le risque en valait réellement la chandelle et au vu de la qualité de l’ensemble, du sérieux et de la motivation qui ont été usités pour accoucher de ce premier EP plein de talent, c’est franchement décevant de la part de la presse et des auditeurs. Une musique qui n’a d’autres ambitions que de défourailler les neurones et désosser les cervicales, le tout dans un concentré de brutalité et de lourdeur réhaussée par un aspect technique et rapide qui finit de noyer l’auditeur dans un maelström de violence, cela devrait plaire ! C’est un premier EP de fort belle facture, qui, au regard de mon avis, mérite une meilleure presse. Définitivement à découvrir !

 

Tracklist :

1.     Worship My Agony     03:23
2.     Corrosive Mentality     04:25
3.     Shadow of Evil     03:36
4.     Call of the Void     05:01
5.     Rotten Flesh     02:11
6.     Chainsaw Butchered     03:45

 

Bandcamp
Facebook
Instagram
Spotify
Apple Music
YouTube

Retour en début de page

Laissez un commentaire

M'informer des réponses et commentaires sur cet article.

Markup Controls
Emoticons Smile Grin Sad Surprised Shocked Confused Cool Mad Razz Neutral Wink Lol Red Face Cry Evil Twisted Roll Exclaim Question Idea Arrow Mr Green