Line-up sur cet Album
James Jones – Batterie / Cotter Champlin – Guitares / Andrew Gonzalez – Chants / Oleg Zalman – Guitares / Rajan Davis – Basse / Steve Blanco - Basse, Piano (sur 2 et 6) Guests : Jerome Burns – Trompette (sur 3 et 5) / Cameron Carella - Trompette (sur 4, 5, 6) / Matt Hollenberg - Guitare (sur4) / Ed Rosenberg III - Saxophone Soprano (sur 5)
Style:
Sci-Fi / Jazz Metal ProgressifDate de sortie:
16 juin 2023Label:
I, Voidhanger RecordsNote de la Soilchroniqueuse (Migou) : 9/10
Les aventures de Mémé : Mémé face au missile Sarmat…
Quand une section rythmique se rebelle et donne de la voix, quand un bassiste et un batteur s’acoquinent pour créer*, vous pouvez d’ores-et-déjà vous dire que ça va plastiquer sévère !
Ce ne sera pas une mince affaire, pour Mémé, de vous décrire le chaos qu’un missile tel que Sarmat laisse derrière lui. Allez, on se donne la main, on ne se lâche pas, ça va bien se passer… ça va aller…
On va commencer par remettre les choses dans le bon ordre : le bassiste, c’est Cotter Champlin et le batteur n’est autre que James Jones. Cotter Champlin, on le retrouve dans le groupe de Tech Death Progressif US, Artificial Brain, dans le rôle de bassiste live. Artificial Brain voit également dans ses rangs un certain Oleg Zalman, guitariste. Mais aussi des musiciens de sessions live comme Kenny Grohowsky, qui lui officie dans Imperial Triumphant. De fil en aiguille, qui trouve-t-on dans Imprial Triumphant, ce groupe de Tech Death/Black avant-gardiste ? Steve Blanco ! Vous voyez le microcosme New Yorkais à l’œuvre ?! L’un et l’autre ont également comme point commun, outre le côté Death Technique et Progressif, une grosse touche de Jazz fusion. Bah voilà ! Les ingrédients de notre tout nouveau missile sont collectés, SARMAT peut désormais tout dévaster !
Six titres pour 36 minutes et 21 secondes ! Autant dire que chacun prend son temps pour s’exposer. Et c’est tant mieux. On navigue dans un album où on sent toute la détermination du groupe face au carnage mondial que furent les périodes pandémiques et les confinements qui allaient de paire. C’est d’ailleurs l’esprit de la pochette et celui du titre éponyme, « Determined To Strike ». Et ils vont nous « striker » un max !
D’emblée de jeu, « Formed From Filth » nous met au pied du mur. On a de suite compris ce qui nous arrive sur la gueule. C’est dense mais aussi à la fois compact et aérien. C’est bien cela qui va attirer mon attention tout au long du LP : on commence par une intro d’une belle vélocité, dissonante, et quand le growl bien grave entre en scène on sent bien le Death Technique de haute volée arriver. Oui mais voilà… on se laisse aller à savourer quand tout à coup, on secoue la tête et on se dit « tiens, mais c’est du Jazz ! ». Ouais ouais ouais, comme un Missile, on ne l’a pas vu arriver. Il y avait bien des petits indices, notamment ce solo de guitare à 2:00, aux accents jazzy. Sauf que 15 secondes plus tard, on nage en plein Jazz fusion. Pourtant, quand le growl reprend à 3:00, on revient naturellement dans le Tech Death velu, dissonant. C’est le gros point fort de cet album, celui de passer d’un genre à l’autre sans un break pour annoncer le changement, tout est fluide, imbriqué, comme deux mains dont les doigts s’entremêlent. Deux mains différentes et pourtant un seul et même amour qui unit.
« Landform » aura ma préférence (oui, pour une fois, Mémé se mouille). L’intro est flippante, glaçante à souhait avec cette mélodie au piano de Steve Blanco (Imperial Triumphant), reprise à la guitare. Les changements rythmiques (oserais je parler de polyrythmie ?), On saute de passages saccadés, binaires, aux sonorités parfois indus, à d’autres plus liés, élancés, ternaires ( aux alentours de 3:15, par exemple). Des accélérations, comme à 4:20 du morceau. Et cette voix d’Andrew Gonzalez qui du grave part dans des cris suraigus. J’avoue que ce type de voix criée me hérisse un peu le poil, pas forcément de la plus belle des façons. Mais en fin de compte, je peux vous assurer qu’elle passe crème dans ce concept album. Ces cris rajoutent au malaise ambiant de façon fulgurante. On se demande ce qui nous arrive.
D’ailleurs, au fil des titres, la voix, surtout quand elle se fait criée à l’aigu, répond aux instruments qui semblent eux aussi nous parler, le Saxo d’Ed Rosenberg III (Kilter) et la section cuivre menée par Cameron Carella et Jerome Burns. Cette dernière va entrer en déflagration dès le 3ème titre, «Arsenal Of Tyranny», qui porte bien son nom, tellement nous avons là un arsenal de techniques et riffs qui nous restent bien en tête, comme à 2:30. Pour autant, si on garde une impression d’ampleur, de grandeur et de grandiloquence, on n’aura certes pas celle de la pédanterie (pourtant propre au Jazz… désolée).
Il faut avouer que… bordel ! Mais le niveau des musiciens ! La basse est bien présente (c’est Rajan Davis et Steve Blanco qui s’y adonnent, Cotter étant passé du côté obscur de la guitare sur ce projet), rajoutant à la déflagration. Et n’oublions pas de mentionner le guest de Matt Hollenberg (Cleric) à la guitare sur le titre suivant « Enervated ». Enervés, ils le sont tous dans ce titre et nous le font bien comprendre. C’est de la démonstration de puissance et savoir-faire. Une véritable leçon. Et ça ne s’arrête pas là. Les deux derniers titres vont aller en apothéose. Pas certaine d’en sortir vivante, Mémé !
Determined To Strike est la partie 1 d’un concept qui s’étalera sur 3 parties. On a hâte d’entendre la suite. Quoi qu’il en soit, Sarmat , qui nous a gratifié il y a peu d’un EP enregistré en live, façon bœuf (Dubious Disk), lui aussi sorti chez l’excellentissime label I, Voidhanger Records, nous offre les six titres d’un véritable scud qui va nous atomiser la tête. Pas forcément donné à tout le monde, les amateurs de Jazz apprécieront, ainsi que ceux qui naviguent dans les eaux troubles du Tech Death et du Prog. Ou pas… Mais ce qui est certain c’est qu’une seule écoute ne sera pas suffisante pour collecter tous les morceaux éparpillés par ce missile Sarmat et les coller. Il y a tant d’idées, tant de level. Comme devant un paysage en ruine, je reste sans voix devant ce monument déconcertant autant qu’addictif.
Le point négatif ? On en sort essoré !
* Rendons à César ce qui lui appartient… Sur les deux premiers titres, ainsi que le dernier (ce qui nous fait la moitié de l’album tout de même, Cotter Champlin et James Jones ne sont pas les seuls à créditer : rajoutons Darrell Maxwell, Drummond L. Dominguez-Kincannon pour la partition musicale.
Tracklist :
1. Formed From Filth (4:23)
2. Landform (5:22)
3. Arsenal Of Tyranny (6:32)
4. Enervated (4:53)
5. Determined To Strike (Dead Hand Cycle Pt.1)(6:12)
6. Disturbing Advances (8:57)
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