Line-up sur cet Album
- Emil Brahe: composition, synthétiseur, orgue, accordéon, mandoline électrique, gong, chant
- Sessions :
- Andrew Dorman: chant, synthétiseur, guitare, marxolin
- Jens Peter Moller : contrebasse
- Rikke Alminde: chant, orgue d'église, vibraphone
- Tor Brandt: chant, guitare, piano
- Stine Kloster: chant,banjo, guitare
- Christian Qvortrup: batterie, chant
- Andreas Hansn: guitare
- Peter Borre: basse
- Lotte Maxild: clarinette basse, clarinette, orgue
- Olga Goija: viola
- Jens Balder:trombone, tuba
- Christian Sinding Sondergaard: dulcimer, violon, guitare
- Mikkel Reher-Langberg: clarinette
- Jens Peter Moller: double basse
- Aske Krammer: double basse, percussions
- Anna Emilie Wittus Johnsen: vielle à roue, lyre
- Mikko Mansikkala Jensen: Feedback guitare
Style:
Dark / Drone Ambient / Dark FolkloriqueDate de sortie:
24 novembre 2023Label:
I, Voidhanger RecordsNote du SoilChroniqueur (Quantum) : 7/10
“L’admiration est un abandon heureux de soi-même, l’envie une revendication malheureuse du moi.” Sören Kierkegaard
Je me suis fait une réflexion à l’écoute de l’album présentement chroniqué. Comme l’écrasante majorité des groupes que nous faisons en chronique, nous découvrons que ces derniers revendiquent de multiples influences. Parfois les noms de certaines formations sont nommées directement, parfois ils se contentent de nous citer différents styles d’influences. Et il n’est pas rare, notamment en ce qui me concerne, que je me moque beaucoup de ces dites influences car, souvent, c’est une réalité, on n’en trouve pas la moindre trace ! Pire : on s’aperçoit que la plupart du temps, ce sont des propos totalement alambiqués venant soit des groupes eux-mêmes, soit des labels. C’est parce que j’ai fini par comprendre qu’il fallait faire deux distingo principaux : la différence entre proposer et revendiquer. Ce n’est pas pareil. Moi-même, en interview, je cite des périodes musicales qui n’ont rien à voir avec les musiques que je compose avec mes formations. De même que l’on s’aperçoit que l’on a été bercé par des styles de musiques qui, aujourd’hui, n’ont aucune valeur particulière autre que le loisir ou les souvenirs d’enfance. Donc, il va de soi que lorsque les groupes revendiquent des influences, cela ne veut pas dire qu’ils proposent les dites influences dans leurs musiques. Ne vous moquez pas, il m’aura fallu cinq années de pratique de chroniques pour comprendre la nuance. Ceci dit, il m’est arrivé tout de même de croiser le fer avec des groupes qui disaient qu’ils proposaient tels types de musiques couplés à tels autres types, pour au final se retrouver avec un truc tout aussi banal. Donc ce n’est pas totalement déconnant de penser cela ni même de faire la confusion ! Avec les années, j’ai appris à être prudent concernant ce que les labels nous vendaient dans les dossiers presse, parce que l’on ne sait jamais à l’avance ce que l’on va écouter, et il arrive parfois que l’on soit bercé de désillusions quand on se retrouve justement avec un groupe bien en deça de ce que l’on nous a vendu dans les dossiers presse. Voilà pourquoi, je me méfie grandement de ce que les groupes nous vendent ! D’ailleurs, en règle générale, quand je ne connais pas un groupe, je préfère, en tant qu’auditeur « normal », aller aux concerts pour me faire ma propre idée. Bref ! Pour ce jour, il m’était impossible d’aller au concert de cette formation puisqu’il n’y en a pas ! Je vous parle de SOL et de son album nommé « Promethean Sessions« . Tout un programme !
D’une part parce que SOL est un projet solo, composé d’un musicien d’origine danoise dont, à l’heure à laquelle je vous écris, j’ignore l’identité. D’ailleurs, j’ignore même le label qui sort ce projet, jusqu’à ce que je fasse mes propres recherches et que je découvre que c’est I, Voidhanger Records qui sort « Promethean Sessions« . J’adore quand on est obligé de faire trois tonnes de recherches comme cela… Et d’autre part, parce que je découvre que ce musicien en est à seize sorties officielles, en comptant ce dernier ! Si je me fie à la première sortie de SOL, la formation solo existe depuis 2007 ou avant, ce qui commence à faire un paquet d’années de composition. Je trouve que, quand on mène sa barque tout seul depuis toutes ces années, c’est bon signe dans la mesure où l’artiste continue à être inspiré pour faire vivre son oeuvre, et je me dis, bêtement peut-être, qu’il s’agit d’un gage de sécurité quant au sérieux de la musique qui en découle. Puis, je vais sur le Bandcamp du label pour découvrir toutes les informations qu’il me manquait, à savoir que le musicien se nomme Emil Brahe, que « Promethean Sessions » est en fait son neuvième album (le reste serait donc des EPs ou des singles), et que pour cette fois, notre ami danois s’entoure de nombreux musiciens de sessions que je vous invite à découvrir plus haut. Je suis effaré de constater que I, Voidhanger Records donne plus d’informations sur SOL que SOL lui-même… Cela me blase un peu quand même, mais bon… Allons découvrir cet album, cela vaut mieux je crois.
Avant de parler de l’artwork, rappelons qui est Prométhée, qui prête son nom pour ce neuvième album. Prométhée était un titan, dans la mythologie grecque, qui a subtilisé le feu sur l’Olympe pour l’offrir aux Hommes qui étaient réprimés par Zeus, à ce moment de la légende. Courroucé par cet acte déloyal, Zeus le condamne à être attaché à un rocher sur le mont Caucase, son foie dévoré par l’Aigle du Caucase chaque jour, et repoussant la nuit. Prométhée est donc considéré comme le sauveur et le martyr de l’humanité dans la mythologie grecque. Il est donc étonnant et intrigant de voir son nom porté par un album de ce type. Et il est encore plus étrange de découvrir l’artwork qui encadre cette musique et ce nom. Au début, je ne vous le cache pas, échaudé par l’absence d’informations sur le projet et la perte de temps monumentale pour trouver des informations, j’étais franchement dubitatif sur l’artwork. Poser comme cela un cercle bleu marine avec des traits couleurs feu, enrobé par une masse blanche toute aussi abîmée, le tout sans mettre le nom du projet ni celui de l’album, c’est environ tout ce que je n’aime pas voir en artwork. Je déteste quand les musiciens font cette erreur manifeste de ne pas mettre leur nom ni celui de l’album, c’est un fait, et je l’ai expliqué des centaines de fois au moins. Et puis, par la suite, j’ai réfléchi. Et je me suis dit que malgré l’apparente simplicité de cet artwork, on peut quand-même y trouver du sens. Prométhée étant celui qui a bravé les Dieux pour amener le feu, peut-être que ce cercle incandescent représente le feu entouré de la puissance divine avec le blanc pur. Mais cela reste une théorie tirée par les cheveux. Moi, je pense qu’un effort supplémentaire n’aurait pas été de trop pour donner vie visuellement à SOL qui en plus porte le nom en langue nordique du soleil, comme le feu… Mais cela reste mon opinion.
Avant d’écouter la musique et ayant été contraint d’effectuer quelques recherches sur Bandcamp, j’ai découvert sur quelles revendications SOL se situait. Et elles ne manquent pas ! Parlant de dark ambient, de doom metal, de metal avant-gardiste et de néofolk, on s’attend forcément à un résultat expérimental et à défaut, surprenant. A vrai dire, de prime écoute, le constat est plus mesuré qu’il n’y paraitrait. La musique a, au moins, le mérite d’avoir de solides références, puisque l’on retrouve le procédé de composition dark ambient et quelques incorporations d’instruments acoustiques, sans aller jusqu’à parler de néofolk non plus, car l’on n’a pas de références néo-païennes particulières. En revanche, je situerais plus aisément les parties metal sur du drone metal, encore qu’il n’est pas certain qu’il s’agisse réellement de metal puisqu’on a le sentiment que les parties drone sont plus samplées que jouées à la guitare par exemple. On pourrait donc parler de dark ambient et drone ambient pour situer principalement la musique de SOL. Du reste, l’utilisation de nombreux instruments acoustiques dont il serait trop long de tout décrire, me fait penser plus à de la dark folklorique qu’à du réel néofolk. En fin de compte, si mon analyse est juste, tout se rejoint ! On a du « dark », qu’il soit folklorique ou ambient, et l’on a de l’ambient, qu’il soit drone ou dark. Cela démontre une certaine logique composale, qui n’est pas à prendre à la légère, tant la cohérence est de mise dans le processus de « Promethean Sessions« . Comme les briques se correspondent parfaitement sur le papier, la musique l’est tout autant avec un ensemble facile d’écoute, avec des ambiances variées et un jeu de rôle concernant les instruments utilisés qui démontrent une intelligence de composition remarquable, et un vrai sens de la qualité musicale qui me plait. Je trouve par ailleurs l’alliage entre la musique supposément dark folklorique et la dark ambient franchement intéressant. Moi qui suis habitué à voir ce mélange plus pour ouvrir un album, en guise d’introduction donc, le voir façonner entièrement un album comme « Promethean Sessions » me laisse plutôt enclin au contentement. Après, il n’y a pas non plus de quoi s’enjailler ni sauter au plafond et ce, malgré les nombreux instruments utilisés ! L’abondance d’influences stylistiques n’enlève en rien que la musique de SOL est très bonne, mais sans plus. Disons qu’en première écoute, elle est agréable et plante des ambiances appréciables, mais quand on est rompu à l’exercice de la dark ambient comme moi, on peut dire qu’il y a mieux, voilà. Je pense que le souci vient de l’utilisation trop parcimonieuse des instruments folkloriques qui mériteraient, selon moi, une bien meilleure place de choix. Mais cela reste objectivement parlant un album de grande qualité et très sympathique à écouter !
Difficile de trouver une explication réelle pour parler de production dans ce genre d’albums. L’essentiel étant fait par ordinateur dans ce style de musique, on part du principe que le son est déjà facilement adapté aux besoins du musicien. SOL allant toutefois vers un style drone ambient, l’utilisation d’instruments metal, notamment guitares et probablement basse, permet d’en parler un peu. Je note que le son est très propre, que les guitares qui ne sont pas tant utilisées que cela sont en tout cas bien mises en avant dans le mixage, s’offrant donc une place de choix. Du reste, c’est un style particulier, la dark ambient, parce qu’il n’y a pas ou peu de percussions en tous genres, qu’il s’agit surtout de jouer sur les effets sonores dans le spectre pour installer des ambiances oppressantes, donc les banques sons jouent surtout sur les fréquences au détriment des genres d’instruments. Mais là où je suis assez épaté, c’est dans la place octroyé aux instruments acoustiques. On rappelle les revendications d’influences néofolk qui forcent à incorporer les dits instruments, et je trouve que la grande performance de ce « Promethean Sessions » intervient dans la place laissée à ces derniers. Il y a un bel assemblage qui, sonoriquement parlant, n’est pas du tout facile à élaborer en studio ! Donc, je dirais que même si l’album ne m’a pas emballé plus que cela, je dois lui reconnaître un gros gros travail de fait en studio pour donner un son impeccable et pour faire en sorte que chaque instrument ait sa place propre. C’est donc de l’excellent boulot !
N’étant pas bien emballé, je n’ai pas cherché à creuser plus la musique en elle-même dans son sens conceptuel, puisqu’il me semble qu’il n’y en a tout simplement pas. Je suis allé, en revanche, vers une analyse un peu plus approfondie du ou des chants, car ils ont, là encore, une place prépondérante dans le registre un peu dark folklorique ou néofolk. Autant je suis toujours un peu sceptique quant à l’utilisation de chant digne de ce nom dans un style dark ambient ou drone ambient, autant ici, étant donné la place offerte à tout ce qui est de loin ou de près folklorique me permet de bien apprécier le chant ! Chant qui se veut varier, allant de la narration vers du chant clair en passant par des murmures, jamais trop de saturé, juste ce qu’il faut pour doser intelligemment les voix. En fin de compte, il semble que le chant soit utilisé comme un procédé de sampling, un peu comme le faisait Elvin Road par exemple. Loin de me déplaire, cette présence de chant rajoute un plus indéniable à une musique intéressante. Disons que s’il n’y avais pas eu de chant, le minimalisme récalcitrant de la musique aurait été un peu fade.
Pour finir cette chronique, voici venu en présentation officielle le dernier album nommé « Promethean Sessions » du groupe SOL. Projet solo danois qui en est à ce jour à neuf albums, le musicien danois nommé Emil Brahe nous distille un univers musical fait de plusieurs éléments différents qui vont selon moi de la dark / drone ambient vers le dark folklorique. Un alliage intéressant, souffrant selon moi de quelques manques d’originalité, notamment dans le processus très minimaliste de la musique de fond qui pourrait endormir l’auditeur. L’incorporation des instruments acoustico-folkloriques donnent, en revanche, une coloration qui relève le niveau. Ne parvenant pas à me faire sauter au plafond, il n’en demeure pas moins que la musique de SOL pourrait être une belle découverte pour les amateurs du style. Ne manquent finalement selon moi qu’un concept plus original et travaillé, et un légère prise de risque plus importante avec tout ce panel d’instruments folkloriques, pour se donner une identité propre et sincèrement ancrée, ce qui, au regard du fait qu’il s’agisse d’un neuvième album, n’aurait pas été de trop, si ce n’est le minimum qu’on attend d’un projet aussi maturé.
Mais c’est intéressant !
Tracklist :
1. Praying for Rain 05:00
2. I Bred a Sun from the Golden Moon 06:14
3. A Choir of Teeth 09:38
4. Paranoia Sunrise 08:54
5. Where the Trees Meet the Storm 06:01
6. My Words Made Nothing 07:53
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