Strigoi – Viscera

Le 24 octobre 2022 posté par Metalfreak

Line-up sur cet Album


  • Chris Casket – Basse
  • Gregor Mackintosh – Chant, guitare
  • Guido Zima – Batterie
  • Ben Ash – Guitare

Style:

Death Metal / Crust

Date de sortie:

30 septembre 2022

Label:

Season Of Mist

Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 10/10

Fondé par Greg Mackintosh et Chris Casket sur les cendres de Vallenfyre, Strigoi propose avec Viscera son second album. C’est le label français, Season of Mist, qui cette fois, soutient le projet du guitariste de Paradise Lost et de l’ancien bassiste d’Extreme Noise Terror (entre autres).
Dans la culture populaire roumaine, les strigoi désignent des créatures tourmentées sortant de leur tombe pour terroriser leurs proches et les humains. Une sorte de revenant donc.
Une créature qui n’est pas sans évoquer le parcours musical et la personnalité de la principale tête pensante du groupe, à savoir Gregor Mackintosh. Bercé dans le death metal de la fin des années 80, le guitariste de Paradise Lost s’en est éloigné radicalement au point qu’il aurait été difficile d’imaginer un quelconque retour aux sources à l’époque où sortaient One Second, Hostou Believe in Nothing.
Oui mais il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai plus de ton eau…Et en 2010, des circonstances personnelles tragiques, amènent Gregor Mackintosh à renouer de manière cathartique avec le death de sa jeunesse en fondant Vallenfyre. Une forme de résurrection en somme.
Après nous avoir hanté avec trois albums à la noirceur dévastatrice, le guitariste décidait en 2018 que le temps était venu de clore ce chapitre de sa vie et d’en ouvrir un autre…. d’où la création de Strigoi. Nouvelle résurrection.
Dès 2019, la formation commet son premier album, Abandon All Faith, un brûlot tout à la fois death, crust et doom. Hélas, mille fois hélas, cet opus n’a pas forcément eu l’exposition qu’il méritait du fait de la pandémie de vous savez quoi.
Après ce long silence plus ou moins forcé, Strigoi remet donc le couvert avec le bien nommé Viscera. Car oui cet album vient des tripes et prend aux tripes. Dès que résonnent les premières mesures de “United in Viscera” on est écrasé sous un bloc d’airain martelé par les coups d’un riffing de plomb, de leads empoisonnées et d’une voix d’outre tombe.

Pas de doute la couleur dominante sera de nouveau le noir. Un noir absolu. Un noir total. Un noir impitoyable. Un noir sans échappatoire. Au fil des trois quarts d’heure de cet opus se déploie toute la tragédie de l’inexistence humaine dépeinte en des tableaux principalement dominés par un doom / death écrasant et hanté de ces leads maladives et flamboyantes qui sont depuis toujours la caractéristique du jeu de Sir Greg Mackintosh.
Ciselé dans ses moindres détails, Strigoi ne recule devant rien pour nous lacérer les tripes et l’âme, la créature use du scalpel d’une main sure et méticuleuse et il prend tout le temps nécessaire… Les différents arrangements apportent un supplément de ténèbres , ils sont à la fois discret et obsédants : de ces voix féminines mystérieuses dans “Bathed in a Blacked Sun” au cri effroyable de l’une d’elle dans “King of All Terror”, en passant par l’utilisation de quelques orchestrations sur les écrasants “Hollow” et “Byzantine Tragedy”. Rien n’est négligé pour renforcer l’inconfort de ce voyage au cœur des ténèbres, y compris quelques grésillements électroniques sur “And Ocean of Blood”.

Fait notable et assez inédit, il me semble, dans la musique composée jusqu’ici dans Vallenfyre et Strigoi, certains passages de cet album semblent traversés par un autre fantôme…bien vivant celui-là : celui de Paradise Lost. C’est le cas avec les introductions de “United in Viscera” ou de “Hollow” notamment. Pour un peu on s’attendrait presque à voir se pointer la voix de Nick Holmes… Mais non, c’est bien le growl caverneux et inquiétant de Greg Mackintosh qui vient éructer ses sentences aussi impitoyablement que le fait sa musique et celle de son comparse, Chris Casket.

Si l’album Viscera est principalement dominé par un doom aux accents presque funèbres, il comporte aussi, comme son prédécesseur, son petit lot d’invectives grind/crust. Ces influences sont, peut-être, un peu moins marquées que sur Abandon All Faith, mais le duo n’a pas son pareil pour lâcher quelques uns de ces glaviots fielleux entre deux épaisses couches de doom/death charbonneux.
Que ce soit sur “King of All Terrors” ou “Napalm Frost”, on se retrouve plongé pour quelques minutes dans un chaos sonore digne des premiers Napalm Death ou Extreme Noise Terror. Une atmosphère noirâtre et débridée où peut prendre place la dénonciation des calamités de ce monde. Death métalleux chevelus renouent alors avec les crêtes des keupons dans une lutte de crasse sur fond de lutte des classes.

Une fois de plus Greg Mackintosh et Chris Casket redonnent vie un death metal singulier d’une noirceur féroce autant que rédemptrice. Une musique qui a le cœur solidement ancré dans un monde révolu et un regard féroce sur celui qui est. Une sorte de madeleine de Proust donc. A ceci près qu’ici la madeleine est un morceau de charbon et la tasse de thé, un bol de vitriol.

Tracklist :

1. United in Viscera (06:44)
2. King of All Terror (02:38)
3. An Ocean of Blood (04:13)
4. Napalm Frost (02:26)
5. Hollow (06:20)
6. A Begotten Son (03:51)
7. Bathed in a Black Hole Sun (04:19)
8. Byzantine Tragedy (05:28)
9. Redeemer (02:38)
10. Iron Lung (07:55)
Bonus :
1. A Spear of Perfect Grief (04:13)
2. Beautifull Stigmata (00:41)

Bandcamp
Facebook
Instagram
Site officiel
Spotify

Retour en début de page

Laissez un commentaire

M'informer des réponses et commentaires sur cet article.

Markup Controls
Emoticons Smile Grin Sad Surprised Shocked Confused Cool Mad Razz Neutral Wink Lol Red Face Cry Evil Twisted Roll Exclaim Question Idea Arrow Mr Green