Note du SoilChroniqueur (Seblack) : 9/10

Witchfinder, c’est l’un de ces groupes qui montent sur la scène doom française (voire au-delà). Non content d’avoir commis deux très bons albums en 2017 puis 2019, la formation puydoomoise n’a pas ménagé sa peine pour les défendre aux quatre coins de l’Hexagone, récoltant comme fruit de son travail une solide réputation live.
En peu de temps, Witchfinder, s’est fait un nom en multipliant les dates avec un certain nombre de pointures françaises (Hangman’s Chair, Witchthroat Serpent, Stonebirds, Mars Red Sky, Atomic Trip…) ou internationales (Conan, Redfang, Dopethrone, Monolord, Corrosion of Conformity, Kadavar…).
Hélas, la pandémie de Covid 19 a coupé cette belle dynamique, le groupe voyant nombre de ses dates et projets ajournés. Loin de baisser les bras, les musiciens ont repris le chemin de la route et des studios dès que possible et cet EP intitulé « Endless Garden » en est l’un des premiers aboutissements, tout comme le clip réalisé pour le titre éponyme.

Mais attention, le groupe n’en reste pas là. Derrière s’annoncent déjà une tournée avec Mars Red Sky cet été et un nouvel album prévu cet automne. Autant dire que les Clermontois ne sont pas là en mode dilettante.
Désormais le groupe est lié au label Mrs Red Sound, celui-là même qui avait sorti la version vinyle du deuxième album « Hazy Rites » en 2020. Comme pour cet album d’ailleurs, c’est au Monochrom Studio en Pologne que cet EP a été enregistré, mixé et masterisé sous la houlette d’Haldor Grunberg (Behemoth, Dopelord…).
Au travers des deux bons gros titres proposés ici, on peut d’ores et déjà affirmer que Witchfinder n’a pas perdu ses bonnes habitudes en proposant un doom épais où vont se glisser habilement d’autres influences : stoner bien sûr, mais aussi sludge, psyché, hardcore…
Bien évidemment le son est lourd et fuzzé comme il se doit. Rythmiquement Witchfinder excelle pour délivrer des riffs lourds, hypnotiques mais accrocheurs. Ne se cantonnant pas à un doom / sludge monotone le groupe sait placer des breaks et changements de rythmes ravageurs pour les cervicales (certaines accélérations de tempo rappelant d’ailleurs la période faste d’Electric Wizard, notamment l’album « Dopethrone« ). En résumé ça poutre sévère et l’attelage rythmique formé par Clément Mostefai (basse) et Thomas Dupuy (batterie) s’avère toujours aussi efficace. Le guitariste Stanislas Franczak y joue bien évidemment son rôle aussi, mais on relèvera davantage encore les motifs mélodiques qu’il sait distiller ça et là et qui apportent des atmosphères tour à tour lumineuses, éthérées ou psychédéliques.

Là aussi, on sent l’envie chez Witchfinder de toujours apporter un petit plus à sa musique avec notamment de jolies réverbs à la Hangman’s Chair. Le chant de Clément Mostefai vient habiter l’ensemble par ses intonations occultes et envoutantes avec là aussi quelques aventures dans des registres plus aigus ou saturés. Enfin, la grande nouveauté est l’arrivée d’un quatrième membre aux claviers (Kevyn Raecke) dont les interventions viennent enrichir un peu plus encore le spectre sonore déjà étendu de Witchfinder. Tantôt dans un registre un peu seventies, tantôt plus cérémoniel, les ambiances apportées ne sont pas sans rappeler celles que créait Josh Silver dans Type O Negative. Loin de jurer, ces touches de clavier se marient fort bien à l’ensemble .
Avec cet EP Witchfinder confirme, si besoin était, sa capacité à ne pas être qu’un groupe de doom / stoner de plus : tout en respectant les codes du genre, le groupe sait y incorporer plein de petits éléments qui lui confèrent une identité propre. Du coup cet EP pourrait presque avoir un goût de trop peu… Mais le prochain album étant déjà annoncé pour dans quelques mois, on dira qu’il constitue au contraire une parfaite mise en bouche.

Tracklist :

1. The Maze (6:28)
2. Eternal Sunset (10:41)

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