Intervieweuse : Musta
Interviewé : James McBain

James McBain, fondateur et unique membre du groupe écossais Hellripper était de passage à Montpellier mercredi 17 janvier en ouverture du concert d’Abbath. Ayant adoré son dernier opus Warlock Grim & Withered Hags paru l’an dernier chez Peaceville Records, j’ai sauté sur l’occasion et lui ai proposé une interview qu’il a gentiment accepté.

Musta : Salut James ! Avant de commencer cette interview, je tenais à te féliciter pour la sortie de ton dernier album Warlock Grim & Withered Hags. Il a été clairement l’album de l’année 2023, on sait à quel point ce fut une année riche en belles sorties musicales et le choix n’a pas été simple. Tu as su faire la différence, bravo à toi ! Comment réagis-tu face à toutes ces chroniques positives et à l’accueil fait par tes fans à la suite de cet album ? Es-tu fier de cet album ?
James : Merci beaucoup ! Oui j’en suis vraiment fier. Je ne m’attendais pas du tout à cela et j’en suis ravi. Je pense qu’il s’agit du meilleur album de Hellripper, mais tu sais, on ne peut jamais savoir si les gens vont en avoir la même perception. Je suis vraiment reconnaissant de l’accueil qu’a reçu l’album et de tout ce qui en a découlé. Cela m’a ouvert plein d’opportunités comme la tournée avec Abbath et Toxic Holocaust.

Musta : Quel était ton but avec cet album ? Tu voulais faire un album totalement différent de tes projets précédents ou est-ce la continuité du reste de la discographie de Hellripper ?
James : Je dirai que c’est un peu des deux, je voulais surtout que le son me plaise, peu importe qu’il dure deux ou dix minutes, que ce soit plus punk ou plus prog. Quand j’ai écrit ces nouvelles chansons, je voulais quelque chose qui ressemble un peu aux projets précédents d’Hellripper sans que ce soit non plus la même chose. Je me suis inspiré de mes influences musicales comme Type O Negative, Oasis, Alice In Chains, Agalloch, Opeth, Red Hot Chili Peppers, etc.
Je pense qu’il y a quelque chose de différent dans cet album et c’est ce qui en fait à mes yeux le meilleur album que j’ai fait jusqu’à présent.

Musta : J’ai remarqué que tu évoques plusieurs thématiques dans tes chansons, que ce soit dans Warlock Grim… ou le reste de Hellripper. Tu parles souvent de satanisme, de sorcellerie ou de vampires, quelles thématiques t’inspirent le plus dans la composition de tes musiques ?
James : Oui, habituellement, dans la musique de Hellripper, le black/thrash metal, c’est souvent maléfique, des thèmes assez sombres. Je m’inspire souvent des films d’horreurs. Je me suis beaucoup inspirée de films d’horreurs écossais, j’ai beaucoup bougé dans les Highlands en Écosse pour m’inspirer des paroles de Warlock Grim… Je ne dirai pas qu’il s’agit d’un album concept mais, chaque son de l’album est influencé par le folklore historique de l’Écosse. C’était une superbe expérience d’explorer ces lieux pour cet album.

Musta : Il t’a fallu combien de temps pour enregistrer l’album ?
James : Je crois que j’ai commencé fin 2020 mais avec plusieurs pauses, il m’a fallu trois ans mais ce n’était pas constant.

Musta : Tu as un lieu en particulier pour enregistrer tes albums ?
James : oui, tout est enregistré chez moi, depuis mon premier album il y a 10 ans, 99% du processus est fait chez moi, rien n’a vraiment changé je me sens mieux en enregistrant et en faisant le tout chez moi.

Musta : J’aimerais qu’on parle de la pochette de l’album, elle est à mes yeux superbe ! Elle correspond parfaitement à l’univers d’Hellripper. Peux-tu nous en dire plus sur l’artiste qui l’a créée ?
James : L’artiste s’appelle Adam Burke de Nightjar Illustration, il s’agit d’un de mes artistes favoris et il travaille avec beaucoup de groupes de metal. En général, quand j’ai un projet musical, je recherche les artistes et leur demande s’ils peuvent faire quelque chose de spécial pour mon projet. Mais pour le coup, j’étais sur Facebook et suis tombé sur ce dessin qui semblait cool et je suis reconnaissant que cette œuvre est devenue la pochette de mon album.

Musta : La plupart des gens considèrent Hellripper comme un groupe de black/speed metal, es-tu d’accord avec cela ?
James : Oui, je m’en fiche de la manière dont les gens qualifient mon groupe. On dit généralement que je suis un groupe de black/thrash ou black/speed metal. À mes yeux, mon groupe fait du black/speed metal mais les gens peuvent qualifier mon groupe comme ils veulent.

Musta : Très bien, j’aimerais parler avec toi du satanisme dans le black metal : que penses-tu de l’imagerie/idéologie sataniste dans le black/metal ? Hellripper est-il un groupe de black metal sataniste ?
James : Non, mon groupe n’est pas du tout sataniste, on peut parler dans les textes de satanisme, utiliser cette image dans le merchandising mais si tu nous vois sur scène, on est plus dans le côté thrash metal.

Musta : Tu es un peu comme Venom, tu utilises surtout cette image du satanisme ?
James : oui tout à fait, on utilise pas du tout les codes ou maquillages du black metal sur scène par exemple.

Musta : Je te pose la question car on connait tous ton slogan “ All Hail The Goat ” pourquoi aimes ou vénères-tu tant la chèvre ? Est-ce une référence sataniste ou pas du tout ?
James : Si ça l’est, la chèvre a été utilisée par des groupes culte comme Bathory, le côté kvlt, et c’est d’ailleurs la chanson que j’aime le plus jouer (« All Hail The Goat »).

Musta : Selon toi, le black metal sans satanisme perd-il tout son sens ?
James : pas nécessairement, je pense que ça dépend. Personnellement, le satanisme ne fait pas partie de mes croyances. Certains groupes de black/metal utilisent cette imagerie sataniste et sont satanistes mais d’autres groupes de black/metal atmosphérique sont beaucoup plus ancrés sur des thématiques telles que la nature. Cela ne les empêche pas d’être de véritables groupes de black metal.

Musta : Je vois que tu portes un t-shirt Peaceville Records, tu es en contrat avec ce label depuis 2020. Il s’agit d’un gros label spécialisé dans le metal extrême, es-tu satisfait avec eux et comptes-tu poursuivre ton aventure musicale avec ce label ?
James : Quand Peaceville m’a contacté, j’ai été ravi car ils ont plein de grands groupes comme Autopsy ou Darkthrone, c’est une super expérience d’être avec eux.

Musta : Tu es très jeune, nous avons tous les deux le même âge, je suis plus âgée que toi de sept jours, je trouve que tu as déjà une belle carrière devant toi. Comment as-tu réagi à l’annonce de la tournée avec la légende du black metal norvégien Abbath et la légende Toxic Holocaust ?
James : merci !! Toxic Holocaust est l’un des groupes qui m’a poussé à créer Hellripper, c’est juste dingue d’être en tournée avec eux aujourd’hui. C’est assez étrange, car je n’ai le temps de penser à rien, tout me paraît surréaliste. Quand j’ai commencé à composer de la musique pour Hellripper, je pensais mettre un EP en ligne et espérais que ça plairait à mes amis. Puis, petit à petit, j’ai commencé à tourner avec des groupes comme Midnight, Gama Bomb, Abbath… c’est juste fou, je suis très reconnaissant de tout ce qui m’arrive.

Musta : Tu as évoqué il y a quelques mois sur Instagram que Hellripper était ton travail à temps plein. Te sens-tu chanceux / privilégié de cela ? Car tous les artistes de notre milieu n’ont pas cette possibilité et doivent travailler en dehors de leurs activités musicales.
James : Absolument oui. Je suis très reconnaissant de cela, je le dois aux fans, à ceux qui partagent mon contenu musical, j’adore parler avec mes fans et je suis constamment en contact avec eux.

Musta : Tu es très actif sur les réseaux sociaux, particulièrement sur tes comptes Bandcamp et Instagram, tu envoies des mails réguliers à tes fans, c’est toi qui gères les commandes de merch et tu préviens même ta communauté quand tu pars en tournée. La communication sur Instagram t’aide à vendre plus de merch ?
James : je pense que ça aide oui, ces gens m’aident beaucoup, c’est important de parler avec mes fans car on a souvent des valeurs communes. Mes fans me recommandent même des salles de concerts où je pourrais jouer. Cependant, même si ça m’aide à vendre du merch, ce n’est pas la raison pour laquelle je suis sur les réseaux, j’estime qu’il est important d’être en contact avec mes fans c’est le plus important.

Musta : Tu es un one man band, quel est l’instrument qui te plait le plus lorsque tu crées de la musique ?
James : je suis avant tout un guitariste, la guitare est incontestablement mon instrument préféré, faire des riffs tout ça.

Musta : Cela ne te dérange pas de partager ton travail musical avec des musiciens de sessions lors de tes tournées ?
James : pas du tout, le line-up que tu vois en live est le même depuis 2020, on est tous amis, très proches, ils sont de très bons musiciens. Je préfère jouer en solo quand je suis en studio pour expérimenter plein de choses, mais je n’ai aucun problème à jouer avec d’autres musiciens lors de mes concerts.

Musta : Penses-tu qu’Hellripper a d’autres chef-d’œuvre à révéler via de nouveaux projets musicaux ?
James : je l’espère, après, je ne peux pas prévoir ce que les gens vont en penser mais j’ose espérer que oui !

Musta : C’est la première date de votre tournée en France et on est ravi de vous recevoir à Montpellier Victoire 2 aux côtés d’Abbath et Toxic Holocaust, surtout qu’on n’a pas beaucoup de dates ici. J’aimerais savoir si tu es content de jouer ici et quel est ton avis sur le public français ?
James : Oui, je suis très content de jouer ici même si je ne connais pas du tout Montpellier. On a fait quelques dates en France, je viens souvent en France car ma copine est française donc je suis toujours content d’être ici.

Musta : Concernant la setlist de ce soir, tu vas te concentrer sur ton dernier album ou est-ce que tu veux mettre en exergue l’ensemble de la discographie de Hellripper ?
James : On va mettre en valeur toute la discographie, on n’a que 45 minutes, donc on va jouer un peu de tout. Je pense qu’on va avoir plein de monde qui ne nous connaît pas puisqu’on est le premier groupe de la soirée. Cela me semble plus cool de leur faire découvrir un peu chaque album d’Hellripper. Je pense qu’on va jouer les meilleures chansons qui représentent le mieux l’univers d’Hellripper, on va essayer de jouer rapidement un maximum de musiques. La setlist change à chaque date histoire de ne pas faire tout le temps la même chose. Attends-toi à du speed/metal ce soir.

Musta : James, je dois te le dire en face : You’re the absolute goat ! All Hail The Goat ! Merci pour ta gentillesse et ton accessibilité.
James : merci beaucoup à tout à l’heure !

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