Lòdz

Le 28 mars 2023 posté par Metalfreak

Interviewer : Mitch
Interviewé : Eric F. (chant, guitares)
Photos : Louise Durel Photographies

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Merci, Eric, d’accorder du temps à Soil Chronicles. Vous avez donné beaucoup d’interviews ces derniers temps, et nous avons déjà chroniqué votre excellent nouvel album « Moons & Hideaways » en profondeur dernièrement, je te propose donc d’élargir un peu le champ des questions !
Salut Mitch, avec plaisir !

Tout d’abord, plusieurs extraits de films agrémentent votre dernier album, et votre musique est très « cinématique » : quels sont les liens entre Lòdz et le cinéma ?
Chaque titre de Lòdz – et encore plus spécifiquement sur cet album – dresse le tableau d’un moment de vie. Une rencontre, un événement très précis, une période…. J’ai toujours des images qui défilent dans ma tête, par exemple quand j’écris les textes ou interprète un titre sur scène… En soi, Lòdz a cela de cinématographique. Les morceaux « racontent » quelque chose. Le nom du groupe est d’ailleurs lui-même inspiré d’une scène d’Inland Empire de David Lynch.

Eric, tu es graphiste et donc auteur des pochettes d’album. Comment fonctionnes tu ? Tu amènes un projet clé en main au groupe ? Ou bien vous bâtissez le cahier des charges ensemble ?
Ça dépend… Pour le dernier album, les autres m’ont laissé carte blanche car ils sentaient, je pense, que j’avais particulièrement besoin de m’investir sur ce plan là pour cet album, et que j’avais une idée assez précise de là où on devait aller. Même si on a beaucoup parlé du fait qu’il était temps pour nous de « changer » d’identité. Lòdz entre dans une nouvelle ère. C’est presque un nouveau groupe. Et il fallait que ce nouveau chapitre dans la vie du groupe puisse également s’apprécier visuellement.

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Tu es le dernier membre fondateur encore présent dans Lòdz, et chanteur/guitariste. Je peux t’appeler Dave Mustaine ?
Je vais le prendre pour un compliment ! Dave Mustaine a été un des héros de mon adolescence, ahah ! Mais la comparaison s’arrêtera bien vite là, car je suis loin d’avoir sa main droite !
Oui, dernier membre fondateur, et il est vrai que c’est cela a été assez douloureux pour moi comme constat… Je me suis pas mal interrogé sur cette situation, l’ai un peu vécue comme une forme d’échec, à un certain moment.
Mais je crois que les choses sont ce qu’elles doivent être, c’est comme ça. Les gens évoluent, leurs aspirations changent… En tout cas, c’est ce qui a amené Lòdz à sa forme actuelle, avec ce que j’estime être notre meilleur album à ce jour, donc c’est ok.

Plusieurs de vos musiciens jouent dans plusieurs projets : comment se gère la répartition des priorités et des emplois du temps ? Y a-t-il des passerelles ou des échanges entre certains de ces projets ?
Au delà des différents projets musicaux, nous sommes tous les quatre des bourreaux de travail et hyperactifs… Donc c’est finalement assez naturel pour nous à gérer, même s’il est vrai que nos différents emplois du temps sont des putains de casse-tête à coordonner ahah ! Des passerelles entre les projets ? Non, pas vraiment. Ce n’est pas par choix, mais disons qu’on progresse tous dans des scènes finalement assez différentes. A part en termes de matériel : nous avons bâti un système de retours audio commun pour le live avec Aesmah (le second groupe d’Olivier, notre guitariste). Mais c’est plus d’ordre technique qu’artistique !

Les groupes sombres ou introspectifs ont souvent des personnalités différentes dans le civil : est-ce votre cas ? Si oui, quel type d’humour ou d’humoristes appréciez vous ?
Oui, on a dans le groupe des personnages « sociaux » bien différents de nos expressions artistiques, heureusement ! Mais il ne faut pas se mentir non plus : si on a besoin d’exprimer toute cette noirceur, c’est bien qu’elle est latente, tapie au fond de nous, et qu’on a besoin de la laisser sortir ! Par contre, oui, il est vrai que nous sommes tous plutôt de nature curieuse, ouverte et festive. On n’aime pas trop se prendre au sérieux d’une manière générale. Notre type d’humour sera plutôt absurde, second degré… A titre personnel, beaucoup d’humoristes me font beaucoup rire ! Nadine Morano, par exemple, irrésistible !

Quel est « LE » groupe qui t’a fait te mettre à la musique ?
Le groupe qui m’a fait commencer la musique est Guns n’Roses… Ils avaient pour moi tout juste sur toute la ligne. Mais pour le groupe qui m’a donné envie de jouer en groupe, ça se passe forcément du côté du doom anglais des années 90’s… Je dirai Paradise LostAnathema ou My Dying Bride. Cette période m’a marqué au fer rouge artistiquement, je pense. Ça résonnait tellement avec l’ado que j’étais. J’avais l’impression que ces groupes écrivaient leur musique juste pour moi, ahah.

Tu es un batteur passé au chant et à la guitare pour mieux exprimer ses idées. Interviens tu beaucoup dans les parties de batterie ? Cette formation « rythmique » te fait elle penser « métrique », ou « groove », lorsque tu composes un morceau ? Est-elle un atout ou un frein ?
A titre personnel – et je pense que c’est la même chose pour Olivier qui intervient énormément en amont dans la composition des morceaux – on n’aborde pas du tout la compo par un instrument ou un autre… On pense directement ambiance et émotion. Le vocabulaire musical, qu’il soit harmonique ou rythmique, n’est vraiment là que pour ça. Et très très vite, on pense à la structure du morceau et à ce qu’on veut lui faire dire. On ne raisonne ni en tant que gratteux ou bassiste ou batteur, mais vraiment en tant que « producteurs » si je puis dire. C’est comme cela qu’une idée peut naître de n’importe quel instrument… ou même du son d’une pédale sur laquelle on a tourné les potards différemment que d’habitude.

Comment « naît » un morceau de Lòdz ? Tu amènes systématiquement guitare rythmique et chant, puis les autres brodent autour de cette colonne vertébrale ? Ou bien un début de titre peut-il arriver d’un autre membre ?
Par le passé, Lòdz était un groupe de « répète ». L’un ou l’autre venait avec une idée, et on brodait semaine après semaine autour de ça. Pour le dernier album, on a eu une approche complètement différente. On a fait en sorte de se « déconnecter » de le vie quotidienne pendant des séances de plusieurs jours d’affilée, exilés loin du monde dans des maisons de campagne ! Et on enregistrait des idées directement sur l’ordinateur. Puis on expérimentait dans tous les sens. On produisait, découpait, jetait, recommençait ad lib. En fonction des sessions, tout le monde n’était pas forcément là. Mais Olivier et moi étions toujours les deux présents. Olivier a apporté la très grande majorité du riffing de cet album. Le chant vient, quant à lui, à la toute fin, quand la structure du morceau est figée à 90%. Je le travaille en principe seul, selon la même méthode.

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Est-ce que vos proches vous suivent et comprennent votre passion et vos goûts musicaux ?
Il y a un peu de tout ! Mais d’une manière générale, ils sont au minimum très contents pour nous de nous voir nous épanouir dans cet univers.

Quelle est la chose dont tu es le plus fier sur cet album, et concernant Lòdz en général ?
Je crois que je suis très fier de l’album en général, car c’est celui pour lequel on s’est mis le moins de « limites ». Et je pense que ce sera la formule des prochains également. Pour Lòdz en général, je suis fier que le groupe soit toujours là après toutes ces années, et sur une pente artistique que j’estime ascendante. Je suis également très content que l’on ait aujourd’hui une identité musicale personnelle. C’est très important pour nous.

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Suis-tu la scène locale lyonnaise ? Si oui, quels sont tes groupes fétiches ou coups de cœur ? Un groupe très récent ou émergent t’a-t-il accroché dernièrement ?
Oui, bien sûr. Je suis vraiment impressionné par sa richesse et sa diversité. Franchement, il y en a pour tous les goûts : est-ce qu’il y a un style musical qui n’est pas représenté par au moins un bon groupe à Lyon ? Et les assos du coin font aussi un travail formidable. Très récemment, je ne pourrai pas te citer de groupe qui m’a particulièrement marqué mais d’une façon générale, je trouve que l’offre lyonnaise est très qualitative !

Vous venez de donner un grand nombre d’interviews pour la promotion de « Moons & Hideaways » : quelles sont les questions que vous regrettez qu’on ne vous pose pas ?
J’ai regretté qu’on ne me parle pas plus des textes… Mais dans le « metal » en général, je pense que c’est plutôt accessoire pour les gens, je peux le comprendre…

Les webzines et les chroniques : simple moyen de promouvoir ta musique, ou en es-tu consommateur en dehors, en tant qu’auditeur ?
J’ai été assez consommateur avant qu’internet ne devienne une porte grande ouverte sur la musique ! Aujourd’hui j’en lis encore avec plaisir, mais j’avoue que c’est un peu moins assidu et surtout bien plus chaotique. Soit je vais chercher précisément une info, soit je me laisse pousser par les vents des algorithmes des réseaux sociaux pour découvrir des articles de webzines… Mais c’est certain que les interviews et les chroniques sont tout de même une belle boussole dans l’océan sans limite que représentent les plateformes numériques !

Et pour finir, quelques questions « flash » (tu peux répondre en un mot, développer, ou insulter le chroniqueur, au choix !) :
Ah Ah ! Allez, feu !

Fender ou Gibson ?
Argh… Gibson pour la disto, Fender pour les sons clairs, mon capitaine !

Valley ou Temple ?
Mmmm… Disons Valley.

Café ou bière ?
Arf, tu me demandes de choisir entre Papa et Maman, là… Je vais quand-même répondre « Bière » !

Train ou avion ?
Train. J’ai quand même un souci avec l’usage que l’on a de l’avion.

Chat ou chien ?
Chat !

Avatar ou un Sergio Leone ?
Ah ah ! Avatar ? Le truc avec les personnages bleus tout moches ? Disons plutôt un Sergio Leone !

Jul ou Trois Cafés Gourmands ?
Jul sans hésitation.

Et deux clins d’œil personnels pour finir, Crowbar ou Amenra ?
Je connais tellement mal Crowbar que je suis obligé de répondre Amenra !

David Lynch, génie ou imposteur ?
Ah ah ! Je refuse de m’abaisser à répondre !!!

Encore un très grand merci, je te laisse le soin de conclure si tu veux ajouter quelque chose !
Un grand MERCI à toi également, Mitch, pour ton soutien et ton coup de projecteur sur le groupe et le dernier album… Tu as bien bossé l’interview et ça fait vraiment plaisir ! Si j’avais un message à faire passer, je dirais qu’on a vraiment mis tout ce qu’on avait dans le ventre dans ce disque et qu’on en est très fiers ! On espère que tes lecteurs auront plaisir à le découvrir !

 

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