Interviewers : Lyslia Huxley et Morgan
Interview improvisée / discussion avec Chris Harms, Gared Dirge, Class Grenayde et Niklas Kahl de Lord of The Lost, à l’occasion de leur venue au Motocultor Festival.
Photos : Lyslia Huxley
Lyslia : Très heureux de vous rencontrer !
Chris : C’est réciproque et merci d’être venus.
Lyslia : Vous êtes très rarement en tournée en France. Alors comment en êtes-vous arrivés à jouer ici, au Motocultor Festival ?
Est-ce que c’est un endroit où vous vouliez jouer ? Ou bien ils vous ont contactés ?
Chris : En fait, nous ne sommes pas directement impliqués dans ces processus. Nous avons une agence de booking qui s’en occupe. Donc ils nous disent : « Hey, on a un créneau pour vous au Motocultor Festival« . Et nous nous sommes dits « où ça ?« , « c’est quoi ? ». Et puis on s’est dits « oh, ça a l’air bien, faisons-le !« . Mais dans la plupart des cas, nous ne savons pas vraiment d’où ça vient. Ce qui est sûr c’est que nous sommes heureux d’être ici pour la deuxième fois cette année en France et nous allons même revenir pour une troisième fois à l’automne à Paris et à Lyon. A Paris, c’est un petit endroit (au Petit Bain), mais c’est presque complet et ensuite on vient à Lyon. Alors Yep! On n’est jamais venus en France trois fois par an donc c’est excitant.
Morgan : Et que pensez-vous du Motocultor Festival, quel est votre première impression ?
Chris : ça a l’air d’être un bon festival. Nous avons fait un tour rapide pour l’instant, dans les coulisses pour une séance de dédicaces et avons été checker la scène pour la préparation. Nous n’avons pas fait tout le tour de la zone du festival, nous venons d’arriver ici, il y a deux heures et demie après un long trajet de 1000 kilomètres… donc pas encore le temps de tout voir.
Gared : Nous avons déjà eu une séance de dédicace et il y avait pas mal de gens qui visiblement nous attendaient avec impatience, qui nous connaissent bien déjà, ça fait plaisir.
Lyslia : Vous vous êtes certainement fait davantage connaître avec le dernier album Judas ? et peut être plus récemment en ressortant Antagony ?
Chris : Oui, Antagony est un ancien élément, pas un nouveau, c’était juste une réédition.
Lyslia : Judas était très impressionnant et je pense que vous avez vraiment votre propre son, c »est un genre de musique qui est à part et n’est pas forcément ni habituel ni populaire. C’est assez spécial d’une certaine manière, c’est un style très personnel. Quelles sont vos influences et qu’est-ce qui vous a poussé à aller dans cette voie ?
Chris : Tu sais, c’est ce qui nous définit le mieux, nous ne décidons jamais d’aller dans une direction artistique à cause de nos influences. Si nous le faisions, notre son serait très différent. Nous avons juste trouvé notre propre voie, ce que nous aimerions, donc ça peut paraître arrogant, mais nous définissons notre propre influence, comment nous nous imaginons, quel son voulons-nous avoir. C’est un peu comme si on peignait, comme une image dans nos têtes avant, le genre de son que l’on cherche à obtenir. On n’essaie pas de reproduire ou suivre nos influences. Je veux dire, c’est ce qui se passe automatiquement, on ne peut pas le contrôler. Et nous n’avons jamais essayé d’aller vers ce qui pourrait être populaire ou ce que nos fans pourraient vouloir que nous fassions. Nous faisons ce que nous aimons le plus parce que c’est la seule façon de rester authentiques et de ne jamais faire quelque chose comme « faisons ça, nos fans pourraient aimer« .
Gared : C’est faire ce que nous voulons.
Chris : Nous ne calculons pas vraiment ce genre de choses et c’est aussi ce qui fait que notre musique ne sera jamais mainstream, d’une certaine manière. Je veux dire, toujours en parlant de mainstream, nous avons beaucoup de chansons qui ressemblent beaucoup à des chansons pop, mais nous le faisons parce que nous aimons ça et structurellement, vous avez des mélodies que vous pouvez chanter. Mais nous ne faisons pas ça parce que nous nous disons : » Hey, essayons de faire un tube ou quelque chose comme ça« . On le fait parce qu’on aime les sonorités mélodiques et les mélanger avec des sonorités plus hard. Donc tu sais, et tu peux être sûre, que notre prochain album sera encore très différent des autres, y compris Judas. Et donc nous allons toujours changer beaucoup de choses, aussi parce que c’est amusant pour nous.
Lyslia : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur votre prochain album ?
Chris : Nous l’avons fait
Gared : Il est déjà terminé !
Chris : Oui, nous l’avons fini en Avril. Parce que nous savions que nous allions partir en tournée avec Iron Maiden, plus tous les festivals et une tournée à l’automne, nous n’aurions pas eu le temps de faire un album. On est donc allé à Helsinki en Mars et on a enregistré l’album. On a commencé à travailler dessus en juin de l’année dernière. Donc nous l’avons terminé et il sortira un jour… plus tard.
Lyslia : Cette année ?
Chris : Vous le saurez… Cette année peut-être, peut-être pas.
Morgan : Un mot pour définir ce nouvel album ?
Gared : Différent… Parce que, honnêtement, nous n’aimons pas vraiment nous copier, nous aimons vraiment évoluer.
Chris : Je peux dire une chose à ce sujet, parce que ça nous a tellement manqué de jouer en live à cause de la pandémie, le prochain album transmettra beaucoup l’énergie que vous ressentez lorsque vous visionnez beaucoup de tranches de vies perdues.
Vous savez, pour Judas, nous avons eu tout le temps, il y avait une pandémie et d’autres choses. Nous avons donc eu le temps de faire ce double album et d’approfondir un sujet et de tout construire autour et tout dans Judas est si grand, c’est une si grande image. Donc la prochaine fois, ce sera quelque chose de beaucoup plus direct, très percutant.
Gared : Absolument.
Morgan : Comment pensez-vous que les fans vont l’accueillir ? Pensez-vous qu’ils vont plutôt tout de suite l’aimer ou que ce sera plus mitigé ?
Chris : Les deux. Vous savez, il y a une chose intéressante dans l’art et la musique, l’histoire de la musique. Si vous changez ce que vous faites, alors 50% des gens disent : « Oh, c’est nouveau. J’adore. Tu es si créatif« , l’autre moitié dira : « Ce n’est plus mon Lord of the Lost« . Si tu restes le même, 50% des gens diront : « Oh, c’est si bon. C’est la même chose« . Les autres diront : « C’est la même chose. C’est ennuyeux« . Donc certains l’aimeront, d’autres non.
Gared : On en gagne et on en perd.
Chris : Oui. Mais vous savez, comme je l’ai dit, nous devons faire ce que nous aimons le plus parce que c’est comme ça que nous restons nous-mêmes. Et je pense que c’est ce qui fait que beaucoup de fans soient reconnaissants aussi, lorsqu’un groupe fait ce qu’il aime.
Lyslia : Et c’est ce qui vous motive je suppose. C’est aussi important pour garder le côté créatif, qui ressort bien chez vous concernant la partie artistique, visuelle, comme musicale.
Chris : Oui c’est très intéressant, vous savez si vous allez manger des spaghettis toute la semaine, vous allez en avoir marre.
Alors faisons autre chose. Cela ne veut pas dire que vous n’aimez plus les spaghettis. Mais peut-être que dans une semaine vous voudrez faire autre chose.
Lyslia : Vous êtes très connus en Allemagne, pas autant en France parce que vous n’avez pas fait beaucoup de tournées.
Chris : Oui, c’est un marché difficile à pénétrer.
Lyslia : Prévoyez-vous de tourner davantage en Europe ?
Chris : Oui, nous essayons. Parce que, tu sais, en Allemagne, quand tu vois tous les gens de la scène dark, tout le monde nous connaît. Peut-être que tout le monde ne nous aime pas, mais tout le monde nous connaît. Donc pour nous, la voie à explorer est d’aller plus chercher le public metal en Allemagne et le public à l’international parce qu’il y a encore des gens que nous pouvons atteindre. Et si nous pouvons le faire sans changer, alors nous aurons gagné, mais aussi, comme je l’ai dit, nous ne changerons pas la façon de faire du groupe juste pour atteindre de nouvelles personnes. Si nous pouvons toucher plus de gens en restant nous-mêmes, alors nous serons heureux de le faire. Et nous sommes si bien reçus en Europe, surtout après Iron Maiden.
Lyslia : Oui, vous avez joué en première partie de la tournée européenne de Iron Maiden.
Chris : Nous avons joué dans 16 pays, 18 shows dans toute l’Europe.
Lyslia : Le Hellfest que vous connaissez certainement est maintenant un des plus grands festivals d’Europe, vous ont-ils déjà contactés ?
Niklas : Oui, de nom bien sûr, mais il n’y a pas encore eu de contact. Ce serait cool, nous aimerions le faire.
Chris : Oui bien sûr. Après tu sais, à propos du public metal ou de tout autre genre spécifique quand tu es un groupe comme le nôtre, tu te retrouves à faire beaucoup de choses différentes et ton son change, tes visuels changent, et tu ne seras jamais à 100% un genre. Ça peut être un avantage comme un inconvénient. Le plus, c’est que vous pouvez être un artiste libre de tout genre avec toute votre créativité, mais parfois, pour les personnes qui sont plus restrictives sur les genres, vous n’êtes jamais assez pour eux. Tu sais, pour certains métalleux, nous ne serons jamais assez métalleux, pour les vrais gothiques, nous ne sommes pas assez gothiques, pour ceux qui aiment la pop, nous sommes trop hard.
Gared : Et il en va de même pour les festivals.
Chris : Si vous avez un organisateur de festival, qui est plus dans le metal old school, il nous regarde et genre non, non. Donc c’est une bénédiction dans la malédiction, mais tant qu’on aime ce que l’on fait, tu sais, c’est la chose la plus importante pour moi.
Gared : Et ça reste authentique, vraiment !
Lyslia : Peut-être pas évident mais comment qualifieriez-vous, vous-mêmes, plus précisément votre musique ?
Gared : Eh bien, ce ne serait pas à nous de répondre vraiment.
Chris : Mais j’ai lu un commentaire sur YouTube qui se rapprochait le plus de ce que j’appellerais notre genre, je l’ai beaucoup aimé, c’était du dark wave metal. Parce que le dark wave et le metal sont si éloignés l’un de l’autre, comme à l’origine.
Gared : Et ce sont tous les éléments que nous combinons.
Chris : Oui, parce que le côté wave est aussi très pop, ici et là nous avons des parties électroniques, c’est sombre, mais c’est aussi une sorte de metal, j’aime le DARK WAVE METAL.
Morgan : Comment procédez-vous pour un nouvel album ? Quelles sont les idées que vous avez en premier, puis comment les arrangez-vous ?
Chris : La façon dont nous commençons, peut être très différente, pour Judas, c’était le mot Judas et le personnage. Avant de n’avoir qu’une seule chanson, nous avions ce signe, les ressentis sur le caractère de Judas et de son histoire. Si vous vous dites que tout cela est vrai pour un moment, alors vous voulez en savoir plus sur l’histoire de cette personne, c’est très intéressant et très inspirant. Donc tu arrives avec tellement de sujets et de sentiments différents qui peuvent être transformés en chansons, parfois c’est ça. Pour d’autres albums, comme le troisième, Die Tomorrow, nous avons simplement composé des chansons, puis nous les avons mixées et nous avons trouvé un titre pour l’album, genre « hey, appelons-le comme ça ou autrement encore« . Donc, le début d’un album peut être très singulier. Lorsque nous avons commencé le nouvel album que nous sortirons plus tard, nous avons juste commencé à écrire des chansons, puis nous sommes arrivés avec un concept quelques mois plus tard. Donc vous savez, il n’y a pas de règle.
Gared : D’une certaine manière, ils s’adaptent ou en viennent à s’adapter à nos idées premières puis ensuite au sentiment général qui s’en dégage.
Chris : Parce que c’est quelque chose que vous pouvez aussi mettre en forme pendant la production.
Gared : Oui, et ça devient un concept homogène.
Chris : Donc nous pouvons promettre que ce sera intéressant et que nous aurons un son différent, un look différent.
Lyslia : Vos relations avec vos fans sont également très spontanées contrairement à certains groupes qui gardent un côté assez sérieux, vous êtes naturellement souvent très drôles comme lorsque vous partagez en direct la réception de votre nouveau vanity case de maquillage, rose…Voulez-vous nous en parler ?
Gared : Oui, c’est une chose tellement banale, en fait, on a juste reçu le vanity case de maquillage. Ok, alors quel est le putain de problème avec ça, c’est juste que nous sommes vraiment heureux, et c’est rose, c’est incroyable, pourquoi ne pas le partager avec les gens…??.
Chris : Oui, exactement, nous sommes toujours des humains.
Lyslia: Vous êtes tous maintenant professionnels, pouvez-vous nous dire quand avez-vous commencé à jouer ou à chanter, quand vous étiez enfants ?
Chris : J’ai commencé à faire de la musique à l’âge de cinq ans avec un violoncelle, de la musique classique.
Gared : J’ai commencé par le piano à l’âge de cinq-six ans. Je suppose que c’était aussi de la musique classique, plus tard du jazz et d’autres instruments comme la batterie et la guitare, mais c’était déjà la suite de mon parcours.
Niklas : Je suis batteur depuis l’âge de six ans.
Gared : Tu jouais déjà de la batterie dans le ventre de ta mère!
Class : Je crois que mes parents voulaient que je joue du clavier ou quelque chose comme ça quand j’étais tout petit, mais j’ai arrêté et à 15 ans j’ai commencé à jouer de la basse.
Gared : Bon choix!
Chris : Pi, notre guitariste, est en train de dormir. Je crois qu’il a commencé à jouer de la guitare à l’adolescence.
Lyslia: Une dernière question, dans le film vidéo « When we were young ». Je me demandais si c’était vous ?
Chris : Tu veux dire ces vieux films super huit ? Oui, c’est moi, c’est que moi, mes parents et ma sœur. C’est en fait un peu comme s’ils avaient filmé avec une caméra analogique super huit toute leur vie et j’ai fait une vidéo avec tout ça parce que ça correspond à la chanson, aux paroles de la chanson « When we were young », comme un regard en arrière. En fait, je n’avais pas prévu de faire une vidéo mais mes parents ont tout ça et c’est comme de vrais films. Alors j’ai acheté une sorte de machine où on peut les numériser et je les ai numérisés pendant des semaines parce qu’ils en avaient des tonnes et donc j’avais des téraoctets de films et je me suis dit pourquoi ne pas les utiliser et faire un clip avec ça ? C’est en fait un cadeau pour mes parents parce que je savais qu’ils allaient l’adorer, alors je l’ai fait pour eux et j’ai demandé aux gars : « Hey, c’est bon pour vous d’avoir cette vidéo qui ne montre que moi ? » parce que les gars n’ont pas d’images comme ça . Ils m’ont dit « oui, génial, faisons-le« .
Un grand merci à Chris, Gared, Niklas et Class pour cet échange de dernière minute et je remercie Le Motocultor Festival pour les avoir invités!
La suite ce sera un superbe show, en clôture du Motocultor, report à venir.
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