Interview : Bloodybarbie & Antirouille
Suite à la sortie du nouvel album de Red Mourning (http://www.soilchronicles.fr/chroniques/redmourning-underpunishmentstree), nous avons eu le plaisir d’interviewer Seb, le bassiste du groupe, pour en savoir plus sur cet album et le groupe.
Le premier truc qui m’a frappé dans votre album, c’est ce super jeu de batterie ; pas commun pour du rock ?!
Merci ! Notre batteur a une place assez majeure dans notre phase de composition. A la base, il chante puis il fait un peu de guitare de la batterie. C’est un musicien accompli et un excellent batteur qui a des influences assez prestigieuses. Il est fan de Mastodon, de Textures et de Gojira. La double pédale et les rythmiques un peu alambiquées, c’est son truc. Ca tranche un peu avec le côté bluesy et c’est ce qui fait l’originalité du groupe.
Est-ce que vous composez autour des partitions de batterie ?
Non, tout est composé autour de la guitare depuis la fondation du groupe. On a fait trois albums avec le même guitariste, Romaric. Ce dernier et moi avons fondé le groupe sans notre batteur. Notre premier album est sorti en 2008 avec ce batteur-là et c’est le guitariste et lui qui composaient. Le guitariste a quitté le groupe il y a presque 3 ans maintenant, et on avait composé les trois quart de l’album qui est sorti là. On a recruté un nouveau guitariste qui n’a pas participé à la composition de l’album, il a juste enregistré. Le quart qui restait c’est Aurélien et nous qui l’avons composé. Mais à la base, c’est essentiellement composé autour de la guitare…
On a eu plusieurs chanteurs, plusieurs guitaristes, plusieurs batteurs jusqu’à ce qu’on trouve la bonne formule en 2008 pour le premier album.
Tu as fait parti d’autres groupe avant ?
Oui, dans plusieurs groupes depuis l’âge de 17 ans, dans des styles différents, du rock français jusqu’au grunge et même du black métal. Mais Red Mourning est le premier groupe avec qui j’ai fait des vrais trucs, des enregistrements sérieux.
Comment le groupe s’est-il formé ? Pourquoi ce style ?
Au début c’était une annonce axée sur le métal mélodique, sans vraiment d’autres pistes. Au gré des chanteurs et batteurs qu’on a eu, ça a évolué et la vraie assise, c’est quand on a recruté JC, notre chanteur, qui avait déjà joué et enregistré avec des groupes un peu plus costauds, plus sérieux. Il est plus carré, un véritable moteur qui nous a donné cette identité un peu blues, sud-étasunien… On est parti sur un délire métal- blues avec ce chanteur là et on a rencontré Aurélien, notre batteur, qui nous a amené le côté un peu death métal avec la double grosse caisse et à partir de ce moment-là on a toujours exploré le coté mixte entre le blues et le métal.
Si tu devais comparer ce nouvel album avec les autres?
Un peu plus libre. Comme Romaric, notre ancien guitariste, était le principal compositeur, il y avait des choses qu’il ne voulait pas trop expérimenter, notamment des harmonies vocales un peu plus poussées comme on a sur cet album, des trucs un peu plus gospel, des refrains presque pop qui n’était pas trop le délire à Romaric qui était plus métal. On a expérimenté davantage à ce niveau-là. On a voulu aussi faire des rythmiques un peu différentes, moins classiques « couplet/refrain, couplet/refrain » et je pense qu’on va continuer dans cette direction-là. On a enregistré avec un nouveau guitariste et le son même de la guitare est différent, plus organique, moins tranché, moins métal. Julien est plus porté sur le rock n’ roll, le stoner.
Vous avez joué au Hellfest ? C’était à vos débuts ?
Oui, ça fait 10 ans déjà ! C’était une sorte de concours organisé par Rock Hard et ce qui leur a plu, c’est justement le mélange de styles et c’est vraiment l’une des expériences la plus incroyable qu’on ait pu avoir.
C’était un concours de combien de groupe ?
Je ne sais pas du tout honnêtement. Je n’étais même pas au courant, c’est un des musiciens du groupe qui m’a dit : « tu fais quoi au mois de juin ? On va jouer au Hellfest! »
Vous étiez prêt à assumer un truc pareil ? A l’époque, j’imagine que vous n’aviez pas beaucoup d’expérience, niveau concert.
Ah ben on n’avait pas le choix ! Au début de carrière, on a enregistré des démos avec notre ancien chanteur à partir de 2005 et on a fait tous les squats possibles de la région parisienne, dans des salles qui n’étaient même pas légales.
Vous étiez bien rodé!
Oui mais sur la scène du Hellfest : c’était du jamais fait mais on avait une telle motivation qu’on a tout fait pour y arriver.
Et après vous avez eu des retours suite à ça ?
Sur le concert même, on n’avait jamais eu autant de spectateurs : avoir 500 personnes devant toi alors que tu viens de faire ton premier album, c’est forcément génial ! Du coup, est-ce que c’est le Hellfest, est-ce que c’était le fait d’être supporté par Rock Hard ?… On n’a pas baissé en termes de popularité. On n’est pas les plus connu, loin de là, mais je pense que le Hellfest a été un bon moyen pour nous promouvoir.
Vous êtes bien réguliers, niveau sortie d’album, tous les 2-3 ans…
C’est à peu près ça jusqu’au dernier où le guitariste nous a quittés pendant l’écriture ; forcément ça a retardé le truc.
Vous êtes sur l’écriture d’un nouvel album ?
Là, c’est un peu compliqué : on a changé de guitariste, il a enregistré sur le dernier album, et il nous a quittés aussi ! Du coup, on en a recruté un nouveau depuis juillet ; on ne s’est pas vraiment avancé dans la composition.
Les guitaristes ne sont pas faciles à recruter ?
Ben, on a fait pas mal d’auditions et il y avait plein de mecs hyper sympa et cool, et il s’est passé un truc ; c’est pas forcément les plus techniques qui ont retenu notre attention. Des musiciens talentueux, il y en a partout. Prend l’exemple de Toto : tous les mecs de Toto sont des pointures, meilleur chanteur, meilleur guitariste, meilleur bassiste… et quand tu les mets tous ensemble, ça marche pas… Alors que tu prends Kurt Cobain : un mec qui sait à peine jouer de la guitare fait 3 albums qui se vendent à des millions d’exemplaires ! Je pense que le talent technique ne fait pas tout.
Quels sont les thèmes principaux des textes ?
En fait, c’est notre chanteur qui écrit tous nos textes. Un de ses parents est Hollandais, il a vécu dans des pays étrangers. Il est autant anglo-saxon que français et très influencé par la littérature anglophone et la poésie aussi. Il parle un peu de son ressenti personnel, de la vie et de ses expériences. Tout est très métaphorique, poétique et philosophique. Il n’y a aucun message, tu peux t’approprier le texte ; c’est avant tout un exercice de style artistique.
Vous allez tourner bientôt ?
Alors, je ne sais même pas ! On est un peu en discussion mais on fait un concert pour la sortie de l’album le 23 mars à la Boule Noire avec Pitbull in the Nursurey.
Comment ont été réparties les taches pour l’écriture de cet album ?
On va partir sur un riff de guitare ou un assemblage de riffs de guitare et de batterie ; si je suis présent au moment du truc, je donne mon avis. Mes parties de basse, je les fais tout seul de mon côté, après on discute, savoir si c’est pertinent et tout ça. Les parties de basses peuvent mener à un changement de riff de guitare parce que j’ai tendance, comme tout bon bassiste, à dire : « Hé ! Je suis là !». Donc des fois, sur des petites harmoniques, on se dit que ça peut être intéressant. Mais plus ça va et plus je me cale sur la batterie. J’essaye de me cantonner à mon rôle de bassiste. Mais tout part généralement de la guitare/batterie et ensuite on discute. Sur toutes les chansons, il y a des idées de chacun.
Et l’inspiration vous vient rapidement ?
Jusqu’à présent on n’a pas eu trop de souci. De mon côté je compose les riffs : si ça plait, tant mieux ; si ça ne plait pas, tant pis. Notre chanteur qui, à la base, n’est que chanteur, nous a pondu d’un coup toute une chanson sur une guitare. Il n’y a pas de règle particulière. Tout ce qui est pertinent et intéressant, on prend !
Vous répétez à quelle fréquence ?
On répète deux à trois heures le mardi soir et le dimanche après-midi, 6 heures. On est des gros bosseurs. Après je ne suis pas toujours présent car je bosse un weekend sur 2, j’ai des enfants mais je bosse énormément chez moi. Les répètes, c’est guitares/batterie une dizaine d’heure par semaine.
Tu penses que c’est nécessaire de répéter autant ?
On a un certain besoin de faire de la musique.
Avez-vous commencé par des reprises à vos débuts ?
En ce moment, il y a une mode tribute… On a des potes qui font de plus en plus de reprises parce que c’est la mode et que ça marche bien. Les programmateurs sont demandeur de ça, ça marche de plus en plus. Ce n’est pas mon truc. J’ai commencé par faire des compos avant de penser à faire des reprises.
Quelles sont tes influences, tes groupes préférés ?
Ca va de la variété française, genre du Jacques Brel jusqu’à Cannibal Corpse ou Carcass, des trucs ultra brutaux : j’adore Mastodon en ce moment !
Ca ne t’ennuie pas de jouer des morceaux moins brutaux ?
Je ne sais pas, je n’ai jamais autant de passion ou d’émotion que quand je créé mes lignes de basse. Après j’adore Pink Floyd, c’est génial de jouer “Money” mais ça ne me tenterait pas de le faire sur scène. Ou alors quand je serai très vieux et que je jouerai dans des clubs avec d’autres vieux. Mais aussi, non : mes influences, c’est des fois des trucs à la con style Richard Gotainer. Après, le groupe phare pour moi, c’est Metallica, le truc que j’écoute depuis que j’ai 8 ou 9 ans. Notre batteur est très métal moderne, notre chanteur est essentiellement blues et notre tout nouveau guitariste, il écoute des trucs que je ne connaissais même pas comme la new wave des années 80. On essaye de mixer tout ça.
Les groupes qui réussissent de nos jours sont ceux qui proposent une petite touche d’originalité.
On fait en sorte dans ce sens-là. Se démarquer avec l’harmonica par exemple.
Merci pour cette interview et bonne continuation !
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