Charlie’s Frontier Fun Town + Stone Shelter + Les Cocksuckers + Nellie Oleson ...
Photos + report : Antirouille
En ce vendredi premier juillet, Madame et moi nous rendons à un enterrement à L’Ampérage de Grenoble. Ce soir nous assisterons au dernier concert des Charlie’s Fontier Fun Town qui tirent leur révérence devant son public grenoblois. Après ça… Plus de CFFT.
Nous retrouvons Rach et Jean-Michel à l’entrée et au fur et à mesure qu’on s’avance dans la salle on reconnaît les têtes, quasiment toute la famille est là et quoi de plus normal en ce moment si spécial ?
Cet enterrement se veut festif, bien que triste dans les grandes lignes et les Charlie’s nous ont concocté une messe que nous n’oublierons pas de sitôt.
Les premiers enfants de cœur à s’annoncer sur l’hôtel de cette chapelle dédiée à la musique sont les Nellie Oleson. Visuel rural, portrait de Nellie la peste accroché sur le pied du micro, le set est emmené par une frontwoman haute en couleur et branchée sur une pile électrique inépuisable. Rien ne l’arrête, même pas la chaleur accablante de la salle. Nellie Oleson, c’est du rock puisant dans des racines stoner et sludge. Le genre de rock qui te fait bouger le cul mais te garde la tête bien froide pour te la claquer ensuite au gré des rythmes. Nellie Oleson c’est aussi du rock au service de la bonne humeur et de la joie. Sorti un bref instant pour éviter de crever de chaud, je fut surpris au retour de voir sur scène un énorme lapin…enfin… une brute épaisse avec un costume de lapin, le genre de lapin que si tu le croises, tu te fait dessus sans compromis ! Bref, je suis resté dans le fond de la salle, là au loin, j’étais sûr de ne pas croiser l’animal. Pour chauffer la salle, ils nous l’ont chauffé nos Nellie Oleson ! L’enterrement de Charlie’s débute bien, le job est fait.
Alors que je me ventilais le visage avec le split vinyle des Charlie’s / Cluster que j’avais pris pour signature, quelqu’un me dit « Tu as chaud ? C’est rien du tout, attend la fin de soirée ! Et arrête, tu vas abimer ton disque, va plutôt boire un coup ». Un disque, qui dit encore ça à, notre époque ? Ha oui, les vieux comme moi. Aller hop, une bière, un tour dehors où souffle une petite brise bien fraiche venue du Maroc et c’est reparti pour la sépulture.
Alors là…comment dire ? Les deuxièmes à fouler l’hôtel morbide sont les Cocksuckers. Oui, les suceurs de bites littéralement mais arrêtons nous sur le bon vieux « coq » français, puisque le visuel le représente sur l’album, sur les tenues ou encore en jouet qui fait « cot cot ». Le visuel, voilà le point fort de nos suceurs de…coq. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils sont colorés, tout comme l’est leur musique. Chapeau haut de forme, brassière et pantalon patte deph’ mauve à paillette sur santiag pour l’un, combinaison intégrale jaune à l’effigie d’un gros poussin pour un autre, futal à carreau et perruque punk pour un troisième et…je ne sais pas…c’est indéfinissable pour le quatrième derrière les futs, voilà en substance le magnifique tableau que nous offrent nos suceurs. On me susurre à l’oreille que notre marteleur de futs était habillé en Musclor, par le pouvoir du crâne ancestral, je ne l’avais pas reconnu. Musicalement c’est punk rock à mort, ça m’a rappelé les Elmer Food Beat par moment. Les suceurs de poulets (l’animal) dénoncent avec le sourire et mettent la musique au service de l’humour et de la joie. S’il n’avait pas fait 38° dans le pit, je pense qu’on se serait bousculer avec allégresse. Les Cocksuckers ont fait l’unanimité, on a aimé, on s’est marré… bravo les poulets.
La salle se vide entièrement, on se retrouve dehors pour prendre des bouffées d’air frais, certains l’ont fait durant le concert, ne tenant plus dans la salle. Le bar est pris d’assaut comme jamais je n’ai vu ça auparavant. On papote entre nous, on refait le monde, on se dit même que les Charlie’s ne s’arrêteront pas.
L’enterrement se poursuit et monte sur scène Stone Shelter pour une toute autre ambiance. Déjà, on redevient sérieux, plus de poulet qui fait « cot cot » quand on appuie dessus, on est devant des musiciens aux visages plus fermés. Anxieux les Stones Shelter ? Le set est carré, propre, pro. Nos zicos semblent aguerris à la scène et nous envoie un rock old school qui nous fait nous remuer malgré la chaleur à la limite du supportable. Ils occupent toutes l’espace, chaque centimètre carré de la scène est parcouru. Aux rythmes soutenus et entrainants se succèdent des breaks aussi suffoquant que l’air de la salle. La voix hypnotique de Math te paralyse et la reprise catchy qui suit te sort de ta torpeur et tu te surprends à remuer la tête en rythme. Pour ceux qui disent sans relâche qu’un basiste est discret, se cale dans un coin et se fait oublier, je leur répondrai : « va voir un concert des Stone Shelter ». Le temps s’est arrêté durant le set, c’est trop court, on en redemande, ce qui met presque dans l’embarra notre frontman qui nous explique que tous leurs titres ont été joués. On s’en fout, on en reveut une, point. Ce qui sera fait pour le plaisir de tous.
Sitôt fini, direction le bar où tout ce que je demande m’est refusé. « On a plus rien, même plus de bière ! » Je me fait un whisky coca (NdMetalfreak : la vilaine salade, comme s’il ne restait plus d’eau gazeuse…), j’ai trop soif. Un bar vide, je te laisse imaginer le monde et la chaleur ambiante, tant de la salle elle même que celle qui se dégageait de nos cœurs.
C’est au tour des Charlie’s Frontier Fun Town de monter sur scène…pour la dernière fois putain ! La dernière ! Les gars arrêtent… On n’a pas le temps ni l’envie de se laisser submerger par la tristesse, c’est leur dernier set, on va prendre chaque seconde et s’en nourrir. « In Dust we Trust » retenti et… bordel que c’est bon ! Ca brasse dans le pit, ça commence à chauffer sérieusement et ce n’est que le premier titre. Nos zicos sont heureux d’être sur scène et ça se voit, ils se lancent des regards complices, se sourient, nous sourient, douze ans, ça tisse des liens. Les titres s’enchainent, « Bastard », « Imminent Faillure », « Lost » et les CFFT nous balancent en pleine gueule leur rage teinté de metal, de rock et de stoner.
Chaque titre fait monter la température d’un cran dans la salle tant est si bien que je dois prendre l’air un court instant. Il avait raison le gars au début, « attend la fin de soirée » qu’il m’avait dit alors que j’avis déjà chaud. Jamais je n’ai vu une salle autant chargée en émotion. Glad se lève, prend le micro et sa phrase prend tout son sens : « C’est le dernier titre, c’est le dernier ». Bordel, oui, c’est le dernier, je l’avais oublié. « Life » est le dernier titre joué par les Charlie’s Frontier Fun Town. L’ovation est à la hauteur de l’amour que leur porte leur fan base, des cris, des sifflets, des applaudissements, des larmes coulaient sur certains visages et même les murs de la salle ruisselaient de la sueurs et des larmes versées ce soir.
Un big up à Rach qui a porté le groupe depuis toutes ces années et à Bambane’s Crew. Un immense merci à l’Ampérage et à sa crew (vous avez une salle magnifique, ne lâchez rien). Merci Jean-mi pour ton accueil toujours au top, merci au Nellie Oleson, aux Cocksuckers et au Stone Shelter d’avoir accompagné les Charlie’s dans leur dernière demeure.
Charlie’s Frontier Fun Town…vous n’allez pas tomber dans l’abandon…
Un livre de douze ans d’histoires se ferme. Douze années avec des chapitres riches en émotion, deux albums, Moloko Vellocet et In Dust We Trust (ainsi qu’un EP), un split avec les General Cluster et des concerts, beaucoup de concerts.
Si tu trouves la tombe de Charlie’s, tu verras marqué sur la stèle : « Ci-git Charlie’s, père de trois albums, mort sur scène le 1 juillet 2022 à l’Ampérage, un verre à la main, entouré de ses amis ». Prend un verre, et boit le à leur souvenir.
Laissez un commentaire