Photographe : Antirouille
Reporter : Quantum

Ce concert dont j’ai l’honneur encore une fois de vous en narrer les exploits, c’est l’histoire assez inattendue de la présence de curieux personnages que l’on n’attendait pas ici! D’abord parlons de moi, pour une fois! C’est vrai que loin de me défausser derrière une démarche narcissique, ma simple présence à ce concert est celle qui relève le moins de l’exploit justement. Puisque j’adore le style de musique folklorique voire même ritualiste, le fait de me voir à ce type de concerts n’a finalement rien de surprenant. Aussi suis-je officiellement la chose la moins originale qui se soit déroulée ce soir-là! Mais au moins, vous aurez compris si vous ne lisez pas les en-têtes, que j’ai couvert la date en question. Au cas où vous en doutiez encore…
Mais il convient de noter que le sieur photographe qui m’accompagne sur cette date n’est rien de mieux (puisque le chef n’était pas là, bien entendu! Je plaisante!) que mon Antirouille national! Le seul! L’unique! Le docteur-ès death metal mesdames et messieurs! Celui que l’on appelle communément Cicis l’Opérateur était donc bel et bien devant un concert… De musique folklorique et ritualiste! Alors, comment vous dire que la contradiction est aussi incroyable que de voir un Tyrannosaure chez Gustavo à Grenoble! Franchement, je n’aurais jamais imaginé que ce maître Shaolin de la brutalité, de la saleté et de la luxure (des derniers n’empêchent ni la douche ni la chasteté monacale d’Antirouille, je vous rassure) puisse un jour pénétrer dans un lieu de beauté et de sérénité aussi flamboyant qu’un concert de ce type! Bien évidemment, quand sieur Antirouille va au Brin de Zinc, il n’est pas rare de croiser madame Antirouille avec qui c’est toujours un plaisir de taper la discussion, et de commenter en des termes forts peu professionnels les prestations et les postures de photographes de son mari! Mais cela, il ne le sait pas…
Et puis, nous aurons eu plus tard dans la soirée notre Nikro préféré, et le big boss de Soil Chronicles qui essayera de me faire je-ne-sais-quoi sur mon séant pendant que je regardais le concert… Bref! C’était l’introduction de ce live report particulier, de la date particulière mais néanmoins fort belle de ce soir de 1er octobre de l’an 2022 au Brin de Zinc. Les groupes étaient Trientale et Grande Loge, Land ayant annulé leur prestation au dernier moment. Pas grave! Cela donnera plus de places aux autres.

Trientale ouvre le bal avec sa musique folklorique qui puise, selon les termes de la formation lyonnaise, son inspiration dans différentes cultures. Sur les costumes que portent les musiciens, qui sont au nombre de six, je pencherai plutôt pour un côté médiéval qui rappelle un peu soit les troubadours que l’on croise dans les fêtes de ce genre, soit sur un registre qui laisse débattre étant donné ma capacité à faire des liens là où il n’y en a pas : le néo-classique voire le darkwave, comme Narsilion par exemple.

Musicalement cela n’a pas grand-chose à voir, mais sur le style de costumes, un peu quand-même. Donc, si diversité culturelle il y a, ce n’est pas sur le visuel qu’on le verra. D’ailleurs, je me suis interrogé sur comment retranscrire visuellement autant de références culturelles que ce soit sur scène ou en CD? Difficile d’y répondre et même si mes propos semblent acerbes, ce qui n’est pas du tout le cas, c’était plus un constat que le groupe Trientale, s’il ne montre pas tellement ses multiples références en visuel, il ne peut sûrement pas faire autrement, et les costumes sont vraiment biens. L’ambiance est étonnamment mystique quand le concert démarre et une grande partie du mérite revient à l’attitude de la chanteuse principale qui se montre concentrée, presque en transe, se prêtant au jeu d’une danse tantôt énergique, tantôt sur un registre qui me semble plus oriental, tantôt enfin sur des postures plus fixes, laissant communiquer le visage et qui démontre un jeu d’actrice que j’affectionne quand je vais à un concert.

Musicalement parlant, vous avez toute une panoplie instrumentale beaucoup plus surprenante et qui s’avèrera incroyablement cohérente! Une harpe, une guitare sèche, un violon, un violoncelle, deux didgeridoos (oui oui!), une batterie plus sur un rôle de percussions, une nyckelharpa et quelques petites percussions et autres récipients qui font des sons et dont j’ignore le nom. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le set est extrêmement varié et parvient à mélanger des instruments que je n’imaginais pas entre eux! J’ai donc été particulièrement bluffé par l’instrumentation, qui est fluide, naturelle et authentique.

Plusieurs ambiances se dégageaient de ce concert de Trientale, dont le nom ne me semble pas forcément choisi au hasard puisque l’on retrouve « orientale » et… Je ne sais pas vraiment en fait. Je suppose une référence celtique ou gaélique. Bref! Le set est donc un véritable voyage ponctué par quelques moments éthérées, et quelques instants plus pêchus. J’ai été sincèrement impressionné par deux points principaux : le premier concerne les chants. Vous avez donc la chanteuse principale qui mène le bal par ses danses et une voix claire envoutante et superbe. Vous avez également la harpiste qui a quelques lignes de chant clair avec une tessiture légèrement au-dessus de sa compagne de scène. Vous avez le guitariste qui suit en voix clair également dans des octaves bien entendu plus masculines, c’est normal, ce n’est pas un castrat! Non mais! D’ailleurs, ce dernier me fera quelques petits signes de tête bien sympathiques! Et le joueur de didgeridoo qui se révèlera être un EXCELLENT chanteur diphonique, qui m’a mis une tarte de forain littéralement tant j’adore cette technique vocale! Sans compter qu’il me semble avoir compris que l’ensemble des textes sont en français, du moins ai-je capté une quasi-totalité des chants en français, ce qui accentue davantage la compréhension du set.

Vous avez donc sur le papier une sorte de maelstrom musical, avec différents horizons mais qui donnera un résultat tout à fait époustouflant. Fort d’une prestation solide et maitrisée, doublée au passage de compositions aussi variées que superbes, Trientale sera une très belle découverte pour moi! J’ai franchement adoré la prestation. Le groupe n’a pas à rougir de quoique ce soit, le bagage est déjà bien rempli et il ne manque selon moi qu’un peu plus de mise en scène, de jeux sur les différents morceaux pour que l’imprégnation soit totale. Autrement, c’est du tout cuit! Trientale est un groupe à suivre! Pour preuve, j’ai acheté les deux sorties, un EP et un album le lendemain du concert. Merci pour la carte les filles!

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Second groupe de la soirée, Grande Loge se présente à nous dans un registre visuel aux antipodes du précédent. Autant nous avions un côté comme je disais un peu néo-classique dans la démarche, autant là, avec les bougies, les chandeliers, ce qui ressemble un peu à des autels avec des nappes blanches et un liseré rouge, le tout plongé dans une brume crée par une machine à fumer, et on change radicalement d’ambiance! Quand en plus les cinq compères arrivent sur la scène, encapuchonnés, la mine basse et les mains jointes, désolé pour le cliché mais j’ai cru voir des Templiers. D’ailleurs, je ne sais plus qui m’a fait la même réflexion. Le côté blanc et rouge certainement, même si cette comparaison est volontiers réductrice et que le blanc et le rouge ont des significations symboliques toutes aussi fortes!

Quoiqu’il en soit, j’avais au fond de moi très envie de découvrir le quintet lyonnais en concert, moi qui avais franchement adoré l’album Mantras. Grande Loge nous offre donc une musique centrée sur un registre ritualiste, une sorte de dark ambient ritualiste. Vous avez donc le décor planté, place aux réjouissances! Et question talent, le quintet n’en manque pas du tout. D’abord par un concept que je trouve sans équivoque pour décrire le fonctionnement du projet musical : le quintet fonctionne collectivement grâce à ses individualités. Chacun a un rôle, peu importe lequel, que ce soit instrumental ou scéniquement parlant, chacun est un ingrédient d’un gâteau qui s’avère être aussi savoureux que mystérieux. Et comme tous les protagonistes sont talentueux et ont une présence scénique incroyable, forcément le concert ne peut que marcher!

Niveau instrument, c’est le seul point d’accord avec Trientale d’ailleurs, il y a de tout. Vous avez un percussionniste, un joueur de bouzouki, un tambour shamanique octogonal, un violon, une sitar et un long instrument à vent dont j’ignore le nom (NB : le Nafar). Sans compter le chanteur principal et les chœurs qui vont avec. Il y a également quelques instruments un peu plus improbables comme deux cloches attachées entre elles, ou une sorte de coupelle qui fait un son très envoutant quand on frotte les bords.

Grande Loge délivre donc une musique très ritualiste, avec peu de textes mais surtout de grandes incantations ou des déclamations shamaniques, un chant même diphonique voire guttural par moment, rendant la panoplie scénique et sonore très complète! Du reste, les pistes durent très longtemps, et j’ai remarqué que la composition de ces pistes se situaient sur une démarche minimaliste puisque le but est très probablement de nous embarquer, de nous liquéfier sur place en nous entrainant dans des ambiances pesantes et hypnotisantes. On vit des temps anciens dans les pistes live, les ambiances sont très solennelles et très nostalgiques! Les protagonistes jouent de manière immobiles, en demi-cercle comme une procession et cet espèce d’égrégore qui se dégage de leurs communions rend le concert absolument incroyable. J’ai été totalement pris aux tripes par Grande Loge qui peut se targuer d’avoir mis le public au diapason. Les anciens de Malepeste ont de quoi être fiers! Le projet est vivant, viable et prometteur! Et les ambiances sont extraordinaires. Même Chris Metalfreak, qui pourtant n’aime guère gouter à ce genre musical, m’a confié qu’il aimait bien! C’est vous dire à quel point la mission est accomplie ce soir pour les lyonnais de Grande Loge.

Voilà! Il est temps de vous dire bonsoir tout le monde. Merci donc aux deux groupes qui ont assuré vaillamment la soirée, Trientale et Grande Loge donc. Merci au Brin de Zinc pour son accueil chaleureux et son organisation toujours au top, particulièrement à Alex au bar pour sa gentillesse et son côté taquine. Merci à Edouard et à Blast’Art pour cette date et pour l’ invitation, merci à mon Antirouille et sa dulcinée dont la compagnie est toujours agréable pour les deux. Merci également à des têtes connues comme Battisti Salvi, le seul, l’unique Rob Carson, mes collègues Nikro et Metalfreak venu nous faire un coucou surprise. Et donc, à la prochaine!

Liens Trientale :
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Bandcamp : https://trientale.bandcamp.com/

Liens Grande Loge :
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