Photo + report : Le Marquis Arthur

Dire que j’étais à deux doigts (ou deux centimètres serait plus juste) de ne pas venir car le blanc manteau d’hiver recouvrait ma contrée Picarde peu accoutumée à la chose… Qu’à cela tienne !! La neige ne m’a pas arrêté, surtout pour cette superbe soirée concert qui s’annonçait sur la capitale. Une soirée Black Metal dans une cave à concert à Paris, voilà qui pourrait donner libre court à une imagination farfelue, et pourtant c’est bien ce qu’avait organisé Eclosion Booking ce soir avec un trio de groupe très TRES intéressant : Versatile, Skaphos et Silhouette. C’est donc pour des concerts, très attendus ici car c’était à tout les trois leur première parisienne, que nous nous retrouvâmes au Klub ce soir. Une salle très connue sur la capitale pour ces concerts de musique extrême. Bon, il faut avouer que comme il s’agit d’une cave voûtée (dans mon élément de pierreux, donc !), l’espace n’est pas énorme, et j’ai passé la moitié des concerts à genoux pour prendre mes clichés, mais ça en valait la peine.

Bien, que commencent les réjouissances de ce soir ! Et c’est Versatile qui ouvre le bal ! Groupe Suisse qui a eu la bonne idée de marier du Black Metal avec de l’Indus sur thématique d’un monde de science-fiction sombre et détraqué, le résultat offre une originalité sonore que je n’avais pas encore entendu jusqu’à présent. Et les concerts jouent en bonne faveur pour leur réputation. Avec leur superbes costumes de scène, ils nous narrent l’histoire de leur univers glauque fait de bas fonds répugnants et corrompus. En belles surprise pour leur tournée, ils nous ont joué plusieurs chansons du futur album, des chansons sur l’histoire de leurs personnage avec celui de Famine et Cinis (les guitaristes), l’un anthropophage et qui du coup faisait semblant de dévorer un cadavre dos à nous, et l’autre prêtresse maléfique qui agite son encens le regard plein de noirceur.

C’est très intéressant et apporte une touche théâtrale au groupe je trouve. Et ces deux chansons montre la même excellente qualité que leur EP « Atra Bilis » qu’ils ont intégralement joué ce soir, en utilisant « La Conteuse des Méandres » comme final, ma chanson préféré du groupe ! Mais avant ce final ils nous lancent « Le monstre » leur évocation de la créature de Mary Chelley, pour laquelle ils ont même réalisé un clip !

Mais ce qui, sans appel, restera le plus impressionnant de toute la soirée, c’est quand ils ont joué « La marque du chaos », son côté Indus très prononcé est déjà très plaisant, mais lorsque le batteur se met devant pour faire des percussions sur un bidon (tiens ça me rappelle un autre groupe d’Indus qui fait pareil, Sha…), le bidon à pris feu !! Et ce, sans que cela ne semble perturber quelqu’un, impressionnant leurs effets spéciaux ! Un super concert  qui valait le détour. Et pour un souvenir inoubliable, ils offraient des petits masques blancs à cornes à leur effigies. Dommage, il passait pas en déco sur mon appareil.

D’un coup, voilà qu’il fait bien sombre ici, de faibles lumières discrètes sont allumées au devant de la scène, enfin de ce qu’on en voyait plutôt, car un énorme nuage de fumée aussi épais qu’une purée de pois envahissait tout l’espace ! C’est Skaphos qui va jouer désormais. Telle une écume de sombre provenance, ils nous proposent un Black Metal sur des abysses sombres et occultes, aux terreurs insondées, bas fonds ténébreux et inexplorés, avec bonne influence / hommage à l’univers de Lovecraft, l’épais brouillard s’accordait à merveille à leur univers musical, il faut dire. On voyait émerger de cette scène engloutie d’obscurité les décors tentaculaires des micros, assez réaliste en fait, on croyait vraiment que ce sont des poulpes géant qui les tiennent.

Mais je me demandais quand même s’ils voyaient ne serait-ce que leurs instruments, j’imagine que oui puisque le chanteur et le guitariste commencent à scander un texte rauque qui me semblait être l’ouverture de la chanson « .- … — » ce qui d’après le code morse signifie ASM ? Bon, j’avoue ne pas être spécialiste du sujet mais en tout cas ça se complète parfaitement à leurs chansons. Dans l’ensemble, il croit avoir reconnu la plupart des chansons de l’album « Thooï » sorti en 2022 avec entre autre ‘Cephalopoda’ (belle référence à Cthulhu, vous me direz), ‘Au royaume des fonds’ et aussi ‘Bathyscaphe’ du premier album éponyme. En tout cas j’aime bien le côté lourd et dissonant comme les groupes des années 90, et qu’ils retransmettent très bien sur scène.

Alors que les brumes du concert de Skaphos se dissipent, une intense lumière bleue envahit la pièce, Silhouette se prépare à passer sur scène ! Alors que le sample d’intro ‘Ascension’ démarre, six silhouettes de noir vêtues montent sur scène, les hommes en manteaux longs, les femmes en robes plissées. Et c’est alors que le concert débute sur ‘La première neige’. Un magnifique morceau qui est l’un de mes préféré de l’album « Les retranchements », album qui nous évoque une dualité entre rêve paisible et cauchemar angoissant. Car oui, le nom « Silhouette » est une référence onirique qui est à l’origine du projet musical. Et alors que se poursuit la chanson, nous arrivons sur son superbe break « Tu l’attendais la première neige.. », un incroyable envoûtement que de l’entendre sur scène, la splendeur de la voix cristalline de Ondine nous captivait complètement, mise en confrontation avec le chant déchiré de Yharnam, c’est d’ailleurs ce qui fait l’identité et le charme de ce groupe à mon sens, le tout agrémenté de belles mélodies atmosphériques.

Enrichi par l’enthousiasme du public, ils ont par la suite enchaîné sur la totalité de l’album. Toutes les chansons de l’album sont belles, mais j’ai beaucoup aimé voir en live également la chanson éponyme de l’album ‘Les retranchements‘, sur un passé non cicatrisé. Je trouve que le concert est passé trop vite tellement il était prenant. Mon seul regret est de ne pas avoir pu me déplacer pour avoir les photos sous un autre angle. Il faut dire qu’ils ont fait salle pleine (environ 150 personnes d’après le barman) et que les gens semblaient collés au plus près de la scène comme pour mieux les entendre. Et c’est alors qu’arrive l’outro finale, belle apothéose pleine de sensibilité musicale qui fait terminer le concert en beauté. Ils nous ont offert un très beau moment, merci à eux.

Sous cette bonne humeur dégagée, la soirée commence lentement à s’achever. Et quand on y repense bien, un concert complètement en thème avec la saison, tel un heureux caprice du destin, le climat s’y prêtait admirablement bien. J’en repars donc avec l’immense plaisir d’avoir assisté à cette soirée, merci encore Eclosion booking pour l’organisation et l’accréditation et merci au Klub d’avoir servi de cadre à ces super concerts.