Report et photos : Lusaimoi
Après un samedi – narré par Metalfreak – riche en découvertes surprises, en confirmations et en plein d’autres choses, dimanche arrive. Le dernier jour du Sylak et le plus attendu pour la plupart des personnes présentes, avec quand même une sacrée programmation.
Celle-ci commence par un groupe dont le nom me dit quelque chose, comme ça, de loin : It Came From Beneath. Arrivant un peu en retard, c’est de loin et auditivement seulement que j’assiste au début du show. Et ce que je peux en dire, c’est que les Lyonnais pratiquent un Deathcore qui bute, mais pas que. Et scéniquement, ça correspond. Le groupe se donne. Comme d’hab, rien qui sorte fondamentalement du lot – du pied sur les baffles, du secouage de tête, et un chanteur qui semble vouloir se déchirer les cordes vocales – mais le tout est assez convainquant pour satisfaire un public encore pas mal éparpillé.
Musicalement, le Deathcore d’It Came From Beneath s’éloigne de certains groupes du style lors de certains morceaux plus portés sur les ambiances que sur le défouraillage à tout prix, ce qui n’est pas vraiment un mal. Le groupe est encore jeune et peu promettre quelques trucs.
Il y aura peu de groupes calmes aujourd’hui – en fait, le moins violent sera Epica, en fin de journée –, et il est donc logique qu’Hysteria poursuive sur la lancée de son prédécesseur. Mais point de –core ici, puisque l’éclectisme est l’une des principales caractéristiques du Sylak. Nous aurons donc droit à du Brutal Death avec un soupçon de mélodies, juste assez pour apporter un brin d’atmosphère à un genre qui peut parfois en manquer.
Concernant la prestation, je trouve personnellement qu’il manque un petit quelque chose. Il y a tout ce qu’on peut attendre d’un groupe du genre, les poses et les headbangs, un chanteur/guitariste imposant, les autres membres qui se donnent… Pourtant une certaine spontanéité semble faire défaut. Une petite timidité qui aurait pu être justifiée par une formation récente, mais Hysteria a en fait presque 20 ans et tous ses membres sont d’origine. Du coup, c’est peut-être le contraste avec le côté foufou des jeunots d’It Came From Beneath, qui me donne cette impression. A moins que l’aspect un peu posé de cette prestation (qui s’atténue grandement au fil du set) ne soit là tout simplement pour coller à la musique, lourde et oppressante, malgré sa brutalité. Une musique qui mérite d’ailleurs amplement qu’on s’y attarde.
Il est déjà plus de 13h, alors pendant les balances du prochain concert, qui sera celui de Misanthrope, un petit sandwich afin de se sustenter. Pour avoir assisté à la première prestation d’Argile – side-project d’une bonne partie des membres du groupe – au Forum Fest de Laudun, je peux le dire : ces gars-là assurent sur scène. En particulier SAS de l’Argilière, au chant, qui possède une sacrée présence. Son jeu n’est pas énervé, mais il arrive, avec sa gestuelle particulière à capter l’attention immédiatement. Le reste du groupe n’est pas en reste, avec un guitariste et un bassiste impliqués, mais c’est véritablement lui le cœur du groupe qui va tout faire, entre humour et interpellations, pour amener le public (un peu plus fourni) avec lui. On peut reprocher au quatuor une certaine tendance à se reposer sur cette présence, mais ça fonctionne. D’autant plus qu’ils font un cadeau aux fans pour arroser (au champagne) les 20 ans de leur album 1666… Theatre Bizarre : jouer le titre éponyme, qui n’avait pas été vu en live depuis un moment.
Par contre, je peux le dire aussi, car c’était un peu déjà le cas à Laudun : leur musique n’est pas faite pour moi. Trop cérébrale, intello, un brin pompeuse aussi, à l’image des paroles, très – trop ? – recherchées (et principalement en français). Pourtant, le riffing est souvent très bon, la technique est impressionnante, néanmoins un truc ne passe pas. Pas au point de d’attendre avec impatience la fin du set ou de partir avant, mais assez pour me dire « vraiment dommage qu’il y ait ce hic, parce que cet aspect mis à part, j’aurais adoré Misanthrope ». Le truc, c’est que ce « hic » est ce qui fait aussi leur personnalité, alors comment le leur reprocher ?
A partir de ce moment, on va avoir droit à une longue suite de groupes marquants. Je pensais que celle-ci allait commencer à Krisiun, Hark ne m’évoquant rien. Mais après quelques discussions avec des personnes plus au courant que moi, l’envie de les voir monter sur scène n’a fait que monter.
Faut dire que les Anglais pratiquent un style qui me sied particulièrement : du Sludge/Stoner aux touches psychédéliques et Hardcore. Juste ce qu’il faut pour donner quelque chose de particulièrement velu et massif.
Velu et massif, le show l’est assurément. Le trio parvient à prendre la scène et à électriser l’assistance avec peu d’effets, grâce à une prestation inspirée, passionnée, bestiale, qui met en valeur une musique parvenant à faire hérisser de bonheur les poils des bras.
J’aurais tant aimé connaitre le groupe avant de le voir aujourd’hui pour en profiter pleinement, mais ne nous plaignons pas. Entre lourdeur écrasantes et envolées psyché, Hark ne nous laisse pas une seconde respirer, sans jamais nous étouffer.
Pas étonnant qu’ils aient partagé l’affiche avec les cultes Clutch et l’un des coups de cœur de l’an dernier : Red Fang.
Ils sont frères, ils viennent du Brésil, pourtant, aucun Cavalera à l’horizon. Avec Krisiun, on fait un retour au Brutal Death, tout en restant assez éloigné d’Hysteria (même s’ils ont en commun la rareté d’un line-up stable). Avec 25 ans d’existence et 10 albums au compteur, on peut sans peine deviner que le groupe sait de quoi il parle. Et ça se vérifie d’entrée. Passer après Hark n’était pas évident, mais heureusement, le changement de style rend la comparaison impossible, même si on a aussi droit à un trio qui parvient à habiter une scène et envouter un public de plus en plus présent. Du coup, on profite pleinement de ce set vindicatif sans se poser d’autres questions. Le duo guitare/basse est vraisemblablement content de jouer à Saint-Mau : entre les phases de chant, les headbangs chevelus et les poses agressives, quelques grimaces viennent apporter un peu de douceur ( ?) dans ce monde de brute.
Bref, un set tout en violence, à l’image de la musique, qui m’a donné envie d’aller fouiner vers le rayon « K » à mon prochain passage chez Gibert…
J’étais prévenu : Metalfreak – qui n’a pu être présent ce dimanche – me l’avait dit : « Death Angel, tu ne les rates pas demain ». J’avais la pression, donc, parce que je ne possède pas son matos pour la photo.
Heureusement pour moi, rater ces Thrashers est difficile. Enfin, c’est possible si, quand on n’est pas bon ou qu’on a un appareil qui déconne, mais aussitôt qu’on réussit un cliché, celui-ci l’est réellement.
Surmotivé. C’est le mot qu’on pourrait retenir du groupe. Si déjà les deux formations précédentes parvenaient à investir les planches, il faut aussi préciser que c’est le cas encore ici (et jusqu’à la fin du Sylak, d’ailleurs), sauf qu’au lieu d’être seulement deux sur le front de scène, ils sont quatre. Ce qui change pas mal de choses et on se demande comment ils font pour ne pas se gêner les uns les autres, tant ces gars ont la bougeotte. On peut souligner la prestation du chanteur, Mark Osegueda, qui, à elle seule, aurait pu suffire, se servant des éléments de la scène pour servir son jeu. Mais il ne faut pas non plus rabaisser les cordistes, aussi enjoués.
Quand on ajoute à ça un Thrash bien furieux à la mélodie qui fait mouche, il n’en faut pas plus pour booster un public qui l’était déjà pas mal.
Si on devait décerner des récompenses pour cette édition du Sylak, nul doute que Madball aurait eu celle de l’entrée la plus efficace. Un « We are Madbaaaaall ! » et c’est parti pour une heure d’un NY Hardcore redoutable. Le genre de musique où chaque élément, de la guitare à la batterie en passant par le chant, sonne comme un coup de poing.
Une rage qui s’affiche sous les traits de Freddy, hurleur et fondateur du groupe. Les autres font le taf, bien sûr, même s’ils restent chacun dans leur partie de scène, mais Freddy est Madball. Hyperactif, ne tenant jamais en place plus de deux secondes, c’est lui qui emmène le groupe dans des sphères si hautes, c’est lui qui va énerver un public déjà bien chaud, pour le porter à ébullition. Les slams ne s’arrêtent plus, amenant quelqu’un chaque seconde en bord de scène et obligeant la sécurité (bien sympa, d’ailleurs), à fermer le pit photo pour éviter que l’un de nous se prenne un festivalier sur le coin de la gueule.
C’est donc de loin et un peu plus au calme, que j’assiste à la fin de ce show hargneux, mais drôle aussi, Freddy n’étant pas le dernier pour nous gratifier que quelques notes d’humour entre deux morceaux.
Après ce joli spectacle, l’heure de Kataklysm démarre assez doucement. Ce n’est pas que leur Death soit mou du genou – même si les fans de la première heure regrettent leur changement d’orientation –, mais c’est comme si le public est trop fatigué après la claque Madball. Et malgré les nombreux appels de Maurizio Iacono (que j’avais déjà pu voir en compagnie de Behemoth avec son autre groupe Ex Deo), la sauce ne prend pas… au début du moins.
Car étonnamment, c’est un problème technique qui redonne à l’assistance toute sa pèche. Une basse qui ne fonctionne plus, quelques minutes à meubler ont suffi au chanteur pour se mettre tout le monde dans la poche. Parler la langue de son auditoire aide bien, et c’est par un humour qui ne faiblira pas tout au long du set (« Tabernacle »), que Maurizio arrive réveiller les festivaliers.
Et c’est reparti pour une folie, moins forte que celle de Madball, mais bien présente malgré tout. Les slammeurs arrivent encore en masse, même s’ils n’obligent pas la sécurité à fermer le pit photo, et les Québécois nous offrent un show plein d’énergie. Et ce n’est pas le problème de basse, qui ne se résoudra qu’un peu plus tard, qui parviendra à les démoraliser.
Ah ! Le voilà ! Alors que le fest’ arrive dans sa toute dernière partie, que la nuit est tombée, le groupe que j’attendais arrive. Dark Tranquillity. C’est la troisième fois que je les vois et leurs précédents passages à Lyon m’avaient marqué. Si bien que réitérer l’expérience me bottait sérieusement. Et ça aurait pu être la cinquantième fois, ça aurait été pareil. Là, contrairement à Death Angel, c’est moi-même qui me mets la pression pour les photos.
On peut dire ce qu’on veut de leurs derniers albums (même si, personnellement, ils ne m’ont pas déçu), sur scène, ces Suédois, c’est quelque chose. Et ce soir ne déroge pas à la règle. Parvenir à conserver l’aspect mélancolique de leur musique, tout en livrant un show endiablé et intense est un défi que DT relève haut la main. Parcourant la scène d’un bout à l’autre, chaque membre aurait pu affoler son podomètre s’il en possédait un. Les gars s’amusent vraiment et j’ai l’impression de revoir Death Angel, mais un ou deux crans au-dessus niveau dynamisme.
Et comme pour le groupe de Thrash, le chanteur nous offre une performance encore plus forte que ses camarades, déjà pas immobiles. Aussi sympa sur scène qu’en dehors, Mikael Stanne, toujours souriant, nous régale en jouant avec ses compères, le public, mais aussi les photographes.
Peut-être même encore meilleur que dans mes souvenirs, il ne laisse pas non plus le visuel prendre le pas sur l’auditif. Sa voix gutturale, si reconnaissable, est toujours aussi bonne, et son chant clair impressionne, tant il colle à celui des CDs et ne souffre d’aucun défaut. Dark Tranquillity, qu’on aime ou pas, qu’on aime le Death Mélo ou pas est un groupe à voir sur scène, tant il transpire la sincérité et déborde d’une ’énergie communicative.
Bon allez, un petit reproche juste pour ne pas avoir d’air d’une groupie : j’aurais aimé une setlist un peu plus concentrée sur les anciens albums, The Mind’s I en tête, mais même sans ça, ce soir aura été une réussite.
Voilà, la longue suite de groupes marquants s’arrête là… pour moi. Enfin, sur papier surtout. Parce que le Metal à chanteuse, c’est un peu une allergie (causée par ma Nightwishophobie), même si quelques rares exceptions trouvent grâce à mes yeux. Et en général, lorsque j’en vois un, je passe à autre chose sans même jeter une oreille dessus. C’est pourquoi Epica, je ne connaissais que de nom et je craignais un peu. « Moi, aimer un groupe à chanteuse ? Epica encore ? »
Malgré tout, bonne chose déjà : la musique sonne nettement moins prétentieuse qu’un Nightwish et se montre assez dynamique, avec en plus un brin de chant guttural pour apporter un peu de virilité. D’autant plus que groupe passe bien l’épreuve du live. Très pro, il se donne pas mal, que ce soit les musiciens, peu avares en poses et headbangs, ou la chanteuse, la jolie Simone Simons, vivant ses paroles et bougeant, malgré son corset qui ne doit pas aider. Les Néerlandais font tout pour emporter le public et y parviennent, bien aidés aussi par les groupes précédents.
Malheureusement, les photographes n’ont pour ce set droit qu’au trois premiers morceaux. Je m’éloigne donc un peu, regarde de loin, et décroche de temps en temps. Une musique pas à mon goût ? La fatigue ? Le show de Dark Tranquillity qui hante encore mon esprit ? Un peu de tout cela, en fait. Mais Epica m’a beaucoup plus convaincu que ce que j’aurais pensé.
Voilà, les 26 groupes de cette année sont passés. Une affiche encore une fois très variée qui permet de découvrir des groupes auxquels on n’aurait jamais pensé avant. La météo n’aura pas été si catastrophique que ça, un peu comme l’an dernier. Et ce n’est qu’à la fin du fest’ que la plus grosse radée se manifeste. Je vais donc faire un petit tour dans le coin VIP pour m’abriter et profiter encore un peu de cette ambiance si particulière. Une ambiance détendue et chaleureuse, accentuée par le cadre et par l’organisation toujours sympa. Une atmosphère qui résume bien le Sylak ; il est en effet assez rare ailleurs de pouvoir prendre une photo avec un Mikael Stanne qui te mord la tête…
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